Le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) a annoncé le décès d’une figure emblématique du cinéma tunisien et arabe, Ahmed Bennys, directeur de la photographie de grand talent.
Artisan de l’image, regard singulier et visionnaire, le défunt a su, à travers sa caméra, offrir une esthétique visuelle rare, profonde et poétique. Son œuvre a marqué de nombreuses productions tunisiennes, arabes et africaines, devenant une référence majeure dans l’histoire du cinéma de la région.
Par son départ, la scène cinématographique perd non seulement un artiste d’exception, mais aussi un pédagogue généreux, un mentor passionné qui a su transmettre son amour du 7e art aux jeunes générations.
Chef opérateur reconnu, réalisateur, acteur et technicien, Ahmed Bennys fait partie de ces artisans de l’ombre dont la contribution au cinéma maghrébin est aussi précieuse qu’indispensable. Depuis les années 1960, son regard affûté derrière la caméra a façonné certaines des œuvres les plus marquantes du 7e art tunisien et régional.
Un début dans les coulisses du cinéma
La carrière cinématographique d’Ahmed Bennys débute en 1966 comme assistant caméra sur « Hamida », réalisé par Jean Mailland. Cette première expérience technique constitue le point de départ d’un parcours long et éclectique.
Chef opérateur de talent
C’est en tant que chef opérateur qu’il s’impose véritablement dans les années 1970. Il collabore à plusieurs courts et moyens métrages emblématiques, dont « « Le Réverbère (1972) de Hamouda Ben Halima, « Pique-nique » (1972) de Férid Boughedir, ou encore « La Visite » (1972) de Hédi Ben Khalifa.
Sa signature visuelle accompagne ensuite des réalisateurs majeurs : « Les Ambassadeurs » (1975) de Nacer Ktari, « Le Sultan de la médina » (1992) et La Télé arrive (2006) de Moncef Dhouib, ou encore « Keswa, le fil perdu » (1997) de Kalthoum Bornaz.
Il participe aussi à des projets internationaux comme « « Frantz Fanon, peau noire, masque blanc » (1995) du Britannique Isaac Julien, consolidant ainsi son rayonnement au-delà des frontières tunisiennes.
Incursion dans la réalisation et le jeu
En 1974, Ahmed Bennys passe à la réalisation avec un film d’animation intitulé « Mohammedia ». Une œuvre peu connue mais qui témoigne de sa polyvalence. En 2014, il apparaît également devant la caméra dans le court métrage « Et Roméo épousa Juliette » de Hinde Boujemaa, prouvant qu’il n’a jamais cessé d’explorer les multiples facettes du cinéma.
Parcours discret mais riche
Avec une filmographie qui traverse les décennies, Ahmed Bennys reste une mémoire vivante du cinéma tunisien et maghrébin. Il a su accompagner les grands noms du 7e art tout en restant fidèle à une éthique du travail bien fait, souvent loin des projecteurs, mais toujours au cœur de la création.