Par Hassan GHEDIRI
Malgré tous les dysfonctionnements constatés dans son agriculture, la Tunisie manque toujours de se doter de l’un des instruments incontournables de pilotage…
Il fait office d’un tableau de bord, car il aide à synthétiser les indicateurs clés de performance et à signaler les défaillances permettant par le même fait de rectifier les politiques et de redéfinir les priorités d’action dans le but de mettre toutes les filières agricoles sur une trajectoire de croissance et de résilience.
Il s’agit du recensement général de l’agriculture qui dotera pour la première fois l’autorité chargée de l’agriculture et de la pêche en Tunisie des statistiques globales et exhaustives pour une meilleure planification et de prise de décision. Le projet inédit dans notre pays devrait être mis en œuvre dans les prochaines semaines.
C’est en tout cas ce que laissent entendre des sources relevant du ministère de tutelle, car ce recensement tarde à voir le jour depuis plusieurs années parce qu’il était prévu initialement courant 2019.
La nouvelle annonce a été faite en marge de la 29è session de la Commission des Statistiques Agricoles de la FAO pour l’Afrique se déroulant du 24 au 28 novembre à Hammamet.
Dans une déclaration accordée à l’agence TAP, le directeur général des forêts et chargé des études et du développement agricole a expliqué que le recensement agricole général en Tunisie, financé par la Banque mondiale, va bientôt démarrer après la réalisation des étapes importantes de préparation avec différents partenaires, notamment l’Institut national de la statistique (INS).
Il indique également que les résultats de ce premier recensement devront être parachevés et publiés avant la fin de l’année 2026. Afin de respecter ce délai, une course contre la montre doit être engagée d’autant plus que le FAO n’a pas lésiné sur les moyens pour accompagner la Tunisie dans la mise en œuvre de ce projet.
Une première
La convention signée par les deux parties depuis 2019 implique en effet le renforcement des capacités nationales en matière de conception, planification et réalisation de recensements et inventaires dans le domaine de l’agriculture et des forêts, des zones pastorales et des zones dédiées à la production oléicole.
Ceci aidera à mieux maitriser les techniques d’inventaire et les méthodes de la révision régulière et d’une manière autonome des données. C’est après que démarre la grande opération de recensement. Le projet comprend aussi un décompte exhaustif des de la filière oléicole en Tunisie.
Une première dans un pays qui se positionne pourtant comme l’un des plus importants producteurs d’huile d’olive dans la Méditerranée et dans le monde. Un intérêt particulier est également réservé dans ce recensement aux filières de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture.
Le recensement permettra de mieux connaître le secteur agricole tunisien en cartographiant les exploitations agricoles. La Tunisie compte plus de 500 mille exploitations agricoles, mais leur répartition, leur taille et leur spécialisation restent mal documentées.
Un recensement dressera un portrait précis de ces structures. Il évaluera également les ressources disponibles, sachant que seulement 5 % de la superficie totale de la Tunisie est cultivable et que l’eau devient une ressource de plus en plus rare. Cette opération aidera à identifier les zones les plus productives et à optimiser l’utilisation des ressources hydriques.
Les résultats aideront, par ailleurs, à mieux cibler les actions d’accompagnement et à orienter les subventions et les investissements vers des filières prioritaires. Il permettra également d’anticiper les crises alimentaires, car chaque année, la Tunisie importe par exemple l’essentiel de ses besoins en céréales.
Ainsi, le recensement facilitera une meilleure planification des politiques agricoles à même de réduire la dépendance aux importations et de consolider la compétitivité de différentes filières.
Des statistiques agricoles actualisées, exhaustives et fiables aident à l’identification des besoins en équipements et en innovation parce que, aujourd’hui, les données disponibles révèlent, par exemple, que seulement 20 % des exploitations tunisiennes utilisent des technologies modernes.
H.G.

