Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La grève nationale observée depuis hier par les jeunes médecins marque un nouvel épisode dans cette crise qui semble sans fin. Que faire justement pour rassurer nos internes et nos résidents sur leur avenir?
En plus des salaires dérisoires et des conditions de travail qu’ils jugent inacceptables, la question des stages est venue mettre de l’huile sur le feu avec cette grève nationale observée depuis hier par les jeunes médecins. Dans une lettre ouverte datant du 27 juin, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a mis en lumière de graves irrégularités dans l’attribution des postes dans certaines spécialités, notamment la cardiologie et la gynécologie, nous apprend une dépêche relayée par le site Busines news. L’organisation évoque « des pressions exercées sur les résidents grévistes, des délégations réalisées sans procuration, des autorisations délivrées sans vérification préalable », ainsi que « le non-respect du classement académique ». Elle dénonce également «la prolongation abusive de certains stages ». Réponse du ministère de la Santé: «Tous les médecins résidents ayant déjà choisi leur centre de stage doivent rejoindre leur nouvelle affectation à partir de ce mardi. Le ministère a également précisé que ceux n’ayant pas pris part à la procédure de sélection — y compris les spécialistes en médecine de famille — sont tenus de poursuivre leurs fonctions dans leurs centres actuels». Un rappel à l’ordre qui a suscité la colère des jeunes internes et résidents, lesquels ont décidé d’entrer en grève à partir d’hier », rapporte la même source.
A rappeler que ce mouvement de boycott des stages est le cinquième depuis 2024. Le dernier en date a eu lieu le 23 juin dernier. Selon le président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), Wajih Dhokkar, « la seule issue possible pour mettre fin à ce mouvement reste un dialogue sérieux avec l’Organisation tunisienne des jeunes médecins.» Que faire de fait pour rassurer nos internes et nos résidents sur leur avenir?
Dialogue…
Interrogé à ce sujet, l’activiste et universitaire Salem Chérif nous a indiqué: «Il est important de lancer un débat national de nature à mettre fin à tous les maux du secteur de la santé et à leur tête la situation des jeunes médecins. Il faut dire qu’on parle là de 7000 internes et résidents qui constituent le noyau du corps médical en Tunisie. Donc, il y a urgence en la matière et il est impératif de rapprocher les points de vue entre les jeunes médecins et le ministère de la Santé, car il y va de la stabilité de notre système de santé ». Que revendiquent, justement, nos jeunes blouses blanches?
Pour le président de l’Association tunisienne des jeunes médecins, Wajih Dhokkar, «Outre un système d’évaluation des centres de stage et établir un cadre plus transparent et scientifiquement fondé pour l’affectation des médecins résidents, nous espérons trouver un accord concernant le service civil obligatoire, les critères d’exemption, la prime mensuelle (variant entre 750 et 1 200 dinars), la rémunération des gardes, leur revalorisation et le salaire de base des jeunes médecins. Nous appelons ainsi les autorités de tutelle à engager un dialogue plus sérieux et plus transparent afin d’éviter les lourdes conséquences que ces grèves pourraient avoir sur le fonctionnement des hôpitaux. Malheureusement, le ministère de la Santé ne réagisse jusqu’ici concrètement, notamment face à la précarité économique alors que des mesures concrètes devraient être prises pour améliorer le statut professionnel des jeunes internes et résidents et leur niveau de vie, au moment où le système de santé publique fait face à une forte pression et à un manque criant de ressources humaines ».
M.B.S.M.