Donald Trump ne perd pas de temps pour redéployer ses méthodes unilatérales et brutales. L’instauration de nouvelles taxes douanières visant des dizaines de pays, sous prétexte de protéger l’industrie américaine, est une démonstration de force qui ressemble davantage à une guerre commerciale déguisée qu’à une politique économique visionnaire. En réalité, cette offensive tarifaire révèle, une fois de plus, l’égoïsme structurel d’un système dominé par une superpuissance obsédée par le contrôle des flux commerciaux mondiaux.
Jeudi, Trump a signé le décret imposant une hausse des taxes douanières à la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis. Si plusieurs accords, dont celui avec l’Union européenne, ont été trouvés jusque-là, le Canada, la Suisse, le Brésil et l’Inde ont été sanctionnés par une forte hausse de taux.
Ces taxes, souvent imposées sans négociation ni consultation, affectent autant les économies émergentes que les alliés traditionnels des États-Unis. Elles provoquent une flambée des prix, freinent les chaînes d’approvisionnement mondiales et renforcent l’instabilité des marchés. L’économie mondiale, déjà fragilisée par les crises successives, pandémie, conflits géopolitiques, inflation, n’a pas besoin d’un nouvel ouragan protectionniste, mais d’un vent de coopération et de solidarité. Pourtant, Trump agit comme si le monde était encore figé dans l’ère post-guerre froide, où Washington dictait les règles du jeu.
Les pays européens, longtemps alliés économiques et politiques des États-Unis, doivent abandonner l’illusion d’une relation transatlantique équilibrée. Les mesures protectionnistes américaines ne sont pas seulement économiques : elles traduisent une vision du monde où les rapports de force priment sur le respect des règles du commerce international. Il serait donc irresponsable de continuer à espérer que Washington reviendra à la raison. L’Union européenne doit se doter d’une réponse commune, cohérente et résolue.
En somme, les taxes de Trump sont une provocation. Y répondre par des actes forts et solidaires est non seulement possible, mais nécessaire. Ce n’est pas une guerre commerciale que le monde doit engager, mais une bataille pour la souveraineté, la justice économique et le respect mutuel. Le monde n’est pas une succursale de Washington. Il est temps de le prouver.
En fait, les cartes sont en train de se redistribuer. Le Sud global, autrefois relégué à la périphérie des décisions économiques, se réveille. Des groupements comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), auxquels s’ajoutent d’autres puissances émergentes, contestent de plus en plus ouvertement l’hégémonie du dollar et les diktats du FMI ou de la Banque mondiale. Ce mouvement traduit une volonté collective de bâtir un nouvel ordre économique fondé sur la multipolarité, l’équité et la souveraineté. Les taxes douanières de Trump, loin de faire reculer ses adversaires, ne font que galvaniser cette aspiration à l’émancipation.
Il est donc temps que la communauté internationale, au lieu de plier sous la pression américaine, ose inventer un autre modèle. Un modèle qui protège les économies locales sans isoler les nations. Un modèle où les règles commerciales sont décidées dans un cadre multilatéral, équitable et respectueux des intérêts de chacun. Il ne s'agit pas d'ostraciser les États-Unis, mais de leur rappeler qu’aucune puissance, aussi grande soit-elle, n’a le droit de s’ériger en gendarme économique du monde.
L’instauration d’un nouvel ordre mondial est aujourd’hui une urgence. Il s'agit de rééquilibrer les rapports Nord-Sud, de favoriser une gouvernance économique plus inclusive, et de bâtir des mécanismes de régulation capables de prévenir les abus, les sanctions arbitraires et les crises à répétition. Face à la montée des nationalismes économiques, la solution ne réside pas dans la soumission, mais dans la coopération. Car un monde plus juste ne naîtra pas d’une taxe de plus, mais d’un sursaut collectif.
J.H.