Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Alors que la saison des soldes d’été débutera le 7 août, rien n’indique que cet événement suscite toujours l’enthousiasme des commerçants. Que faire pour rendre à ce rendez-vous son rayonnement ?
Dans un communiqué rendu public vendredi dernier, le ministère du Commerce a annoncé que les soldes d’été commenceront le 7 août 2025. Le ministère a précisé que cette date a été choisie suite à un commun accord avec les professionnels du secteur du prêt-à-porter. Pourtant, rien n’indique que cet événement suscite toujours l’enthousiasme des commerçants.
Attendue aussi bien par les consommateurs que par les professionnels, la saison des soldes d’été représente, en effet, une bonne occasion pour les commerçants pour écouler leurs marchandises et pour aider les Tunisiens à faire des bonnes affaires par ces temps de crises. Or, à voir les préparatifs, on constate une faible adhésion, notamment de la part des commerçants du prêt-à-porter. Comment, justement, expliquer cette réticence ?-
A cet, effet, Amira, gérante d’un magasin de chaussure, nous a confié : « Déjà que nous baissons régulièrement nos marges à cause de la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens, et pourtant notre chiffre d’affaires est en baisse. Les clients se font rares et nous nous comptons plus sur cette saison des soldes pour booster nos ventes. C’est la crise et il est inutile de faire des réductions ».
Justement, face à cette crise économique et à la détérioration de son pouvoir d’achat, le Tunisien est obligé de bien gérer ses dépenses en consacrant son budget aux produits de première nécessité comme la nourriture, les soins, les médicaments, le loyer et les charges comme l’eau et l’électricité. Quant aux vêtements, une grande majorité des Tunisiens s’approvisionne aujourd’hui dans la friperie, «Bien que le taux d’inflation ait connu une légère baisse en juin, atteignant 5,4%, la hausse des prix de certains produits de première nécessité continue de peser sur le budget des ménages », nous dira l’expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi
Une loi archaïque…
En plus de l’inflation, la loi qui régit les soldes en Tunisie est jugée par les professionnels «archaïque et obsolète», « il s’agit de la Loi n°40 de 1998 qui ne répond plus aux attentes aussi bien des consommateurs que des professionnels », explique l’expert Mohamed Salah Jennadi. Et d’ajouter : « Le cadre juridique fixant des règles claires et strictes en matière de rédactions des prix et des soldes ainsi que les promotions est tellement flou que les arnaques sont monnaie courante. La plupart du temps, le consommateur se voit proposer des produits soi-disant soldés, alors que certains commerçants avaient déjà procédé à une augmentation des prix avant la saison des soldes. Il est alors urgent de mettre en place un cadre réglementaire en Tunisie spécifique organisant le traitement des réclamations (fixant les procédures, les issues à donner aux réclamations, la marge de manœuvre de l’administration dans le traitement des réclamations, la relation de l’administration avec les ONG réclamant les litiges des consommateurs ».
En effet, les soldes, bien que synonymes de bonnes affaires pour certains, peuvent aussi être synonymes d’arnaques pour d’autres. L’une des arnaques les plus courantes concernent les faux rabais. Les commerçants augmentent, justement, artificiellement le prix de référence d’un article quelques semaines avant les soldes, puis appliquent une réduction importante pour donner l’impression d’une bonne affaire, alors que le prix final reste le même que le prix initial. Il faut, également, se méfier des collections spécial soldes. Certaines marques produisent des collections de qualité inférieure spécialement pour les soldes, afin de profiter de l’engouement des consommateurs.
M.B.S.M.