Par Chokri BACCOUCHE
Les souffrances et les exactions inhumaines infligées par l’entité sioniste au peuple palestinien sont si fréquentes et nombreuses qu’elles peuvent meubler sans problème un ouvrage encore plus épais que le Livre de la jungle. Au cours des 15 dernières années, les dirigeants hébreux ont lancé pas moins de cinq offensives dans la bande de Gaza. Ces expéditions punitives rivalisent de brutalité et de cruauté, causant la mort de milliers de civils en représailles aux tirs de roquettes et aux prises d’otages du Hamas. Mais la dernière en date, l’opération «Glaive de fer», lancée le 7 octobre 2023 en réponse au raid mené par le mouvement islamiste palestinien dans le sud d’Israël, a pulvérisé tous les records de l’horreur. En effet, l’armée sioniste «la plus morale du monde » a tué depuis le déclenchement de cette sordide guerre plus de 60 mille Palestiniens dont de très nombreux enfants et femmes. Un nombre incalculable d’entre eux gisent encore sous les décombres au moment où des milliers d’autres sont voués à une mort lente pour cause de famine et de maladies. Plus de 150 mille Palestiniens ont été également blessés dont beaucoup sont mutilés à vie. Entre 15 à 20 mille enfants ont été par ailleurs massacrés et ceux qui ont la chance de survivre sont devenus pour la plupart orphelins de leurs parents voire privés de toute leur famille.
En même temps qu’elle fait carburer à plein régime ce que ses dirigeants appellent cyniquement la « tondeuse à gazon » pour désigner ces tueries de masse, l’entité sioniste a détruit toutes les infrastructures de Gaza, n’épargnant ni les hôpitaux, ni les écoles, les crèches et les universités. La plupart des 2,3 millions de Gazaouis ont été déplacés, certains à plusieurs reprises. Beaucoup ont fui vers des « zones sûres » pour y être à nouveau bombardés. Pratiquement personne n’a échappé à l’enfer des bombardements sauvages et les tirs des snippers qui prennent délibérément pour cibles aussi bien les travailleurs humanitaires que les journalistes, les médecins, les infirmiers et les ambulanciers. Alors que la famine gagne du terrain, utilisée comme arme de guerre, les soldats israéliens n’hésitent pas à tirer à vue sur les civils palestiniens qui viennent chercher un modeste sac de farine pour survivre quand ils en trouvent dans les centres de distribution de l’aide humanitaire, contrôlés par l’occupant israélien et transformés par ses soins en piège mortel.
L’ampleur des destructions dans l’enclave palestinienne sinistrée est si effroyable et inhumaine qu’il a permis l’éclosion d’une nouvelle terminologie désormais employée par certains médias pour décrire cet holocauste palestinien. On parle en effet de « domicide » pour la destruction du parc immobilier et des habitations, « scholasticide » en référence au système éducatif qui déplore le massacre de plus d’une centaine d’enseignants universitaires et de très nombreux étudiants, « écocide » pour la dévastation des terres agricoles à Gaza. A cela s’ajoute bien évidemment le génocide délibérément orchestré par le gouvernement hébreu et qui a valu au Premier ministre Netanyahu et à son ex-ministre de la Défense, Gallant, un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
De ce qui précède on peut affirmer sans le moindre risque de se hasarder que l’entité sioniste a perdu sa guerre morale. Israël incarne, désormais, aux yeux de l’écrasante majorité des peuples de la planète le prototype de l’Etat voyou dont la brutalité, la cruauté et l’inhumanité sont devenues désormais légendaires. Cette bestialité indicible unique dans les annales de l’histoire lui vaut d’ailleurs aujourd’hui l’opprobre d’une très large frange de la communauté internationale. Israël a, en fait, perdu sur tous les fronts au point de devenir aujourd’hui un Etat paria qui incarne le mal érigé en système.
Les conséquences politiques de cet état de fait sont incalculables. Au moment où certains pays, d’Amérique latine notamment, ont décidé de rompre leurs relations diplomatique avec Israël pour protester contre le génocide en cours à Gaza, d’autres, et pour la même raison, ont pris la décision de reconnaitre l’Etat de Palestine. Le dernier en date, le Brésil en l’occurrence, a annoncé hier son retrait de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA), où il occupait un poste d’observateur, invoquant des “contraintes juridiques” et le génocide à Gaza.
Dans une note diplomatique adressée au secrétariat de l’organisation à Berlin, Brasilia fait référence à un avis du ministère des Affaires étrangères et à une recommandation de la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Si les motifs précis ne sont pas détaillés, le retrait intervient quelques mois après la décision du Brésil de soutenir la plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de justice. Désormais isolée du reste du monde, l’entité sioniste vogue comme un radeau de la méduse dans un océan déchainé de colère, de condamnations et de critiques acerbes annonciatrices d’un véritable soulèvement planétaire contre la barbarie sioniste. En un mot comme en cent, le martyre des Palestiniens fait désormais de l’ombre à la Shoah. Il ne s’agit ni de révisionnisme ni de négativisme mais tout simplement de faits concrets qui crèvent les yeux et l’écran du côté de Gaza et des territoires occupés depuis voilà plus de 70 ans…
C.B.