Par Imen Abderrahmani
« La Palestine n’est pas un « thème » : elle est le centre de gravité moral de l’édition », lit-on dans l’édito de la 10ème édition de la Biennale d’art contemporain « Dream City » qui aura lieu du 3 au 19 de ce mois.
Au total : une cinquantaine d’artistes venus de 22 pays, dont 8 artistes tunisiens, investiront à partir du jeudi 2 octobre 2025 les lieux emblématiques et les espaces publics du centre-ville de Tunis. En attendant le démarrage officiel de cette manifestation qui insuffle une autre vie à la médina de Tunis et qui ouvrira tant de portes qui ont été pour longtemps fermées et retira de l’oubli de nombreux espaces qui ont pour de longues années ont été abandonnés. Ayant pour thème « Fragments d’un monde inachevé : penser malgré l’apocalypse lente », cette édition exceptionnelle proposera en pré-ouverture « un hommage musical aux chorégraphes palestiniens, assassinés à Gaza par l’armée de l’occupation, en 2024. En partenariat avec la « Sharjah Art Foundation », des artistes produisent des contre-cartographies : Jumana Manna, Sille Storihle, Sharif Waked, Raeda Saadeh, Basma Al-Shaif livreront au public une performance puissante et engagée », lit-on dans le dossier de presse.
Programmation dense et engagée
Rendez-vous tant attendu par les artistes dont les œuvres sont « inclassables », fuyant les circuits classiques, La biennale proposera 56 œuvres locales et internationales, mettant résolument la Palestine au centre des réflexions artistiques. Dans un monde en proie aux crises et à la restriction des libertés, Dream City affirme que l’art reste un levier de résistance, de questionnement et de transmission. « Créer pour interroger un monde en effervescence, c’est aussi ouvrir des voies nouvelles et archiver pour l’Histoire », soulignent les organisateurs.
Au fil de 31 lieux à Tunis, dont la Médina, la biennale offrira une programmation éclectique et cosmopolite mêlant danse, performances, installations vidéo, films, musique, conférences et expositions.
Ainsi, les œuvres sélectionnées se répartissent sur sept catégories : « Dream Creations », comportant neuf créations originales produites à Tunis, enracinées dans la réalité locale, « Dream guest » accueillant six artistes internationaux porteurs de valeurs humanistes, « Dream Vidéos et Films » offrant à voir six productions audiovisuelles s’inscrivant dans la même thématique de l’édition, « Dream Collaborations » qui sont en nombre de sept et dont deux sont co- produites avec le Bard College et cinq autres en partenariat avec la Sharjah Art Foundation et l’association TACIR… « Dream city kids » et « Dream Talks & IDeas » qui constitue une tribune de libre d’échange libre entre les artistes et le grand public.
Les curateurs Tania El Khoury et Jan Goossens poursuivent leur collaboration avec Dream City, soutenant des projets transdisciplinaires comme « Resilience Overflow » de Lara Tabet ou encore « In Search for Justice Among the Rubble » du collectif Public Works Studio, annoncent les organisateurs. Des expositions pour penser le monde arabe rythmeront ce rendez-vous. Ainsi, parmi les 27 installations et expositions présentées, l’exposition collective « Suni’a Bisihrika », dirigée par le curateur de renom Tarak Abu El Foutouh. Cette exposition proposera un espace de dialogue autour des réalités du monde arabe, en réunissant des artistes incontournables de la scène contemporaine l’exposition comme Walid Raad, Ala Younes, Philippe Rizk, Alla Abdunabi, Iman Issa, Noor Abuarafeh, Mona Hatoum, Jumana Manna, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Mounir Salah, Ayman Zedani, Alia Ferid, Haythem Zakaria, Sajjad Abbas, Saif Fradj, Ali Eyal, Etel Adnan, Fradj Moussa et Iman Mersal.
Conçue depuis sa création par Selma et Sofiane Ouissi, comme un laboratoire artistique et une plateforme d’expérimentation culturelle et artistique, « Dream City », portée par l’association L’Art Rue, s’est imposée comme un carrefour artistique entre le monde arabe, l’Afrique et l’Europe. Cette biennale multidisciplinaire reste fidèle à son ambition : « rêver ensemble un autre avenir, en puisant dans le présent ». Le programme détaillé de la nouvelle édition et également les projets présentés à cette occasion et la liste des artistes participants sont à découvrir sur le site : lartrue.org
Imen.A.
N.B: Photo: Film « We Began by Measuring Distance » de Basma al-Sharif interroge la mémoire palestinienne