Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le plan proposé par le président américain pour le jour d'après à Gaza divise d'ores et déjà l'opinion publique arabe et musulmane et en premier les factions palestiniennes. En quoi consiste ce plan et qu'en pensent les analystes tunisiens?
Si les "grands" pays arabes et musulmans ont salué l'initiative du président américain, Donald Trump, considérant son plan pour le jour d'après à Gaza comme une solution "équitable" et satisfaisante pour tout le monde, y compris les Palestiniens, l'opinion publique arabe et musulmane demeure divisée et doute que ce plan n'aboutisse à une paix durable. En effet, de l'Espagne à la France en passant par l'Arabie saoudite, l'Egypte, la Turquie et l'organisation du Congrès islamique, le plan de Donald Trump pour mettre fin au conflit à Gaza, proposé lundi dernier à Washington, a été salué à travers le monde.
Le dirigeant américain a présenté un projet de paix en 20 points, qui contient notamment la libération des otages et des prisonniers, une transition présidée par les Etats-Unis ou encore la démilitarisation du Hamas dans l'enclave palestinienne.
Du côté des premiers intéressés, à savoir les Palestiniens, l'Autorité palestinienne, qui exerce une administration limitée sur certaines zones de Cisjordanie, a été l'une des premières à réagir au plan de Donald Trump. Elle "accueille favorablement les efforts sincères et déterminés du président Donald J.Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza, et accorde sa confiance en sa capacité à trouver un chemin vers la paix", selon le communiqué qu'elle a diffusé et relayé par la presse internationale. L'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas devrait se mettre en retrait, selon le plan de Donald Trump, mais pourrait jouer un rôle à plus long terme.
Toujours, selon des médias internationaux, le Jihad islamique, l'une des principales factions de la Résistance palestinienne, a, lui, affirmé que le plan pour Gaza était "une recette pour une agression" contre les Palestiniens. "Ce qui a été annoncé lors de la conférence de presse entre [Donald] Trump et [Benyamin] Nétanyahou est un accord américano-israélien et représente la position de l'ensemble de l'establishment israélien", a jugé le mouvement armé. Le Hamas n'a pas, du moins jusqu'à hier, encore réagi. Qu'en pensent, par ailleurs, les analystes tunisiens?
Et les milliers de martyrs...?
Interrogé à ce sujet, le juriste et activiste Salem Chérif nous a indiqué : "Ce qui choque dans ce plan est qu'à aucun moment, Donald Trump n'a évoqué la responsabilité de l'entité sioniste dans cette guerre, notamment les 70 000 martyrs et le sort des milliers de réfugiés qui ont tout perdu. Lorsqu'on parle d'un génocide, il y a une responsabilité de l'humanité et de la communauté internationale par rapport aux victimes.
Apparemment, les Américains veulent effacer toute cette page entachée de sang et de chair de l'histoire, remettre le compteur à zéro et faire comme de rien n'était. Pour moi, ce plan n'est qu'un nouvel épisode dans la stratégie américano-sioniste qui vise à neutraliser la Résistance et mettre la main sur la Bande de Gaza qui attire les convoitises de Donald Trump lui-même, lequel rêve de la transformer en une Riviera".
De son côté, le militant nationalité Bouraoui Ramdhane nous a confié : " Par ce plan, Donald Trump fait d'une pierre trois coups, à savoir neutraliser la Résistance palestinienne, permettre à Israël d'atteindre ses objectifs et anéantir l'Autorité palestinienne. Mais le plus grave dans ce plan est de disculper les criminels de guerre et à leur tête le bourreau Benyamin Netanyahu. Le comble est que nous assistons à cette soumission de certains pays arabes qui se sont pressés pour saluer ce plan dont les conséquences seront très graves pour toute la région"
M.B.S.M.