contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Un plan d’action national pour transformer l’agriculture familiale en Tunisie : En finir avec la marginalisation institutionnalisée

Par Hassan GHEDIRI

Malgré la multiplication et la diversification des filières de production, l’agriculture tunisienne reste vulnérable et peu résiliente parce que majoritairement familiale…
Le modèle de l’agriculture familiale en Tunisie a été la thématique centrale d’un séminaire national organisé hier par l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP).

 

L’évènement a été consacré à la présentation du projet du plan d’action national (PAN) de l’agriculture familiale et des différentes étapes et composantes de son exécution selon une feuille de route exposée à la même occasion.

En Tunisie, plus de 80% des exploitations agricoles sont gérées par des familles recourant principalement à la main-d’œuvre familiale. C’est donc cette agriculture familiale qui est à l’origine de la production des produits agricoles et marins fournis aux marchés et qui assure la souveraineté alimentaire. Cependant, cette agriculture n’a pas été dotée de stratégies et de programmes pour la soutenir et pour assurer sa durabilité.

Le PAN de l’agriculture familiale en Tunisie s’inscrit, en effet, dans le cadre de l’objectif de la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) de mettre en évidence le rôle central de cette agriculture dans l’éradication de la faim et dans la durabilité des systèmes alimentaires.

C’est à l’UTAP qu’a été confiée la mission de la coordination et de la préparation du plan d’action national de la Tunisie 2022-2030 avec l’appui de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Forum rural mondial (FRM). Le programme de partenariat a été conclu le 29 octobre 2021 lors de la cérémonie officielle tenue à Tunis.

Faiblesses

L’agriculture familiale en Tunisie souffre en effet de plusieurs fragilités structurelles qui freinent son développement et compromettent son rôle stratégique dans la sécurité alimentaire. Elle pâtit d’une quasi-absence de reconnaissance juridique, institutionnelle et politique, se manifestant par le manque de politiques publiques adaptées à ses besoins spécifiques. L’accès aux financements bancaires, demeurant très faible, constitue une autre forme d’exclusion d’une grande partie des exploitants réduisant leur capacité d’investissement. Par ailleurs, le capital foncier se fragmente de plus en plus sous l’effet de l’héritage, aboutissant à des exploitations de très petites tailles, souvent sans titre de propriété, ce qui limite leur productivité et freine toute modernisation.

La faiblesse de la mécanisation et des investissements accentue ces contraintes, empêchant l’adaptation des productions à un environnement changeant et à des marchés de plus en plus compétitifs. Enfin, l’accès limité aux marchés, tant pour l’approvisionnement en intrants que pour la commercialisation des produits, enferme les agriculteurs familiaux dans des circuits étroits, réduisant ainsi leur marge de compétitivité et leur intégration dans les chaînes de valeur agricoles.

Opportunités

La transformation de l’agriculture familiale en Tunisie exige donc un environnement institutionnel et règlementaire favorable qui reconnaît pleinement son rôle stratégique dans la sécurité alimentaire et le développement durable. D’où les recommandations suggérées par le plan d’action présenté hier à l’UTAP et qui appelle à la mise en place des programmes dédiés, un cadre réglementaire adapté et des structures d’appui en faveur de l’agriculture familiale. La mobilisation des ressources dans le cadre de la Décennie des Nations unies constitue une opportunité à saisir pour concrétiser cette vision.

La durabilité du secteur dépend également du soutien aux jeunes, souvent désengagés et confrontés à des difficultés d’accès aux ressources, en leur offrant formation, encadrement, accès au foncier, au crédit, aux technologies et aux marchés, tout en améliorant les infrastructures et les conditions de vie en milieu rural. Un meilleur accès au foncier, aux technologies, à l’éducation et aux financements permettrait de libérer leur potentiel et d’accroître la productivité et la sécurité alimentaire.

La transformation de l’agriculture familiale en Tunisie passe aussi par l’amélioration des infrastructures rurales, la diversification des revenus via l’économie sociale et solidaire et le renforcement de la résilience face aux chocs climatiques.

H.G.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869