Par Imen Abderrahmani
Né en 1958 à Dakar, où il a passé son enfance, Ghassan Salhab est retourné au Liban à l’âge de 13 ans, pour traverser la double guerre des années 1970-1980… De ce passage pas facile d’une culture à une autre, d’un continent à un autre, il parle dans son « 1958 ».
Poursuivant l'exploration des « Nouveaux territoires », le Ciné- Club El Hamra invite aujourd’hui ses adeptes, à partir de 18h00, à découvrir ou redécouvrir une œuvre phare du parcours du cinéaste libanais de renommée internationale Ghassan Salhab.
Sorti en 2009, « 1958 » est un film où le réalisateur se raconte, partage avec son public son histoire pour s’interroger sur le changement des territoires, sur l’enracinement, le déracinement et leur impact sur le vécu de l’être. Peut-on être plus attaché au pays d’accueil plus qu’au pays d’origine ? Peut-on s’adapter facilement au changement ? Comment peut-on convaincre un enfant qui a passé une vie paisible au Sénégal d’admettre de vivre dans un Liban déchiré par la guerre ? d’affronter au quotidien la mort et la peur ?
« 1958 » est l’année de la naissance de Ghassan Salhab au Sénégal, sa terre d’accueil et d'où le titre du film est tiré.
Arrivé au Liban en 1970 avec sa famille, à l’âge presque de 13 ans, il s’y sent profondément étranger. A cette époque, le Liban, son pays d’origine, plonge dans le chaos politique pour sombrer dans une triste et affreuse guerre civile.
En 1975, en partance pour le Sénégal, il fait escale à Paris et s’y installe ensuite pour un séjour de plusieurs années tout en faisant des voyages réguliers vers le Liban, donnant le jour, après de nombreux courts-métrages parmi lesquels « Après la mort » (1991), « Afrique fantôme » (1994) et « La Rose de personne » (1998), à son film emblématique « Beyrouth fantôme ».
Essai cinématographique de soixante- six minutes, « 1958 » s'inspire de deux événements marquants de la vie du réalisateur Ghassan Salhab: sa naissance au Sénégal et les troubles au Liban durant la présidence de Camille Chamoun et la guerre civile qui a déchiré son pays.
Le film est alors une médiation où s’entrelacent les strates du passé et du présent, où se croise l'intime avec le collectif et où résonnent tant d'interrogations mais aussi de réflexions sur le géopolitique, l'appartenance ...
« 1958 », un film qui s'inscrit dans la continuité de tout un projet mené par le réalisateur libanais où il raconte Beyrouth, cette ville dont il est à la fois si proche et si distant et qui vit en perpétuelle destruction et reconstruction.
Auteur de neuf longs-métrages ainsi qu’une poignée d’essais, figure emblématique du cinéma libanais, arabe et internationale, Ghassan Salhab a été à l'honneur au Festival International de La Rochelle et aux Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). En 2025, il a été également l'invité du festival Cinéma du réel pour partager sa réflexion sur le cinéma, lors de séances participatives.
Orchestrée par l'association culturelle « Sentiers » (« massarib » en arabe) en partenariat avec Ciné-club El Hamra, cette nouvelle rencontre sera également une occasion pour relire le parcours du réalisateur libanais en se référant à quelques récits et détails du film.
I.A.