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Drogue : Que cache la récente saisie d’une quantité record de pilules d’Ecstasy ?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI  

Encore une importante saisie de drogue et le démantèlement d’un réseau international réalisé par les forces de l’ordre. Pourquoi la Tunisie est-elle visée par les cartels locaux et internationaux et que faire pour lutter efficacement contre ce fléau ?

 

Tellement les quantités saisies sont énormes que c’est le président de la République en personne qui a salué les efforts déployés par les forces de l’ordre ayant réussi le démantèlement d’un réseau international de trafic de drogue opérant à Nabeul, dans ce qui constitue la plus grande opération de saisie de stupéfiants de l’histoire de la Tunisie. Plus d’un million de comprimés d’ecstasy ont été, en effet, saisis, pour une valeur dépassant les 40 millions de dinars. «Ces réseaux ne se contentent pas d’opérer dans le narcotrafic mais plutôt ils se sont fixé pour dessein de déstabiliser le tissu social du pays», a indiqué le chef de l’Etat, Kais Saied, en s’entretenant lundi dernier avec le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur chargé de la sécurité nationale, Sofiène Bessadok, et les directeurs généraux de la sûreté et de la garde nationales. Alors, pourquoi la Tunisie est-elle visée par les cartels internationaux d’autant que jusqu’à un passé récent, le pays est considérée comme un point de passage vers les pays européens et non pas un marché pour les narcotrafiquants ?

Selon le président de l’Association internationale de défense des droits de l’Homme et des médias, Ridha Karouida: «Les chiffres parlent d’eux-mêmes et confirment que la Tunisie est plus que jamais visée par les narcotrafiquants. Rien en effet qu’en 2024, 10 mille kg de cannabis, 497 mille comprimés psychotropes de type A et B, 25 kg de cocaïne, 961 gr d’héroïne ont été saisis. Dans la foulée, 14 mille personnes ont été interpellées dont 12 mille ont été mises en détention. Alors, on ne peut plus parler d’un pays de transit pour les narcotrafiquants, mais réellement d’un marché». Quelles sont, par ailleurs, les raisons de cette explosion au niveau de la consommation de drogue en Tunisie ?

Sociales, mais aussi politiques …

Selon notre interlocuteur: «Comme vient de le souligner le chef de l’Etat, Kais Saied, ces réseaux ne se contentent pas d’opérer dans le narcotrafic mais plutôt ils se sont fixé pour dessein de déstabiliser le tissu social du pays. Au fait, on cible toutes les catégoriques sociales à partir des enfants jusqu’aux adultes. 16% des enfants en âge scolaire ont, en effet, indiqué que l’accès aux stupéfiants est très facile. 10% d’entre-deux ont, par ailleurs, avoué qu’ils ont consommé au moins une fois de la drogue. L’on déduit par ces chiffres que le milieu scolaire est devenu un terrain de chasse pour les dealers d’où leur stratagème qui vise à détruire toute une génération». Que faire, de fait, pour lutter efficacement contre ce fléau?

A cet effet, l’activiste Salem Chérif nous a indiqué: «Les saisies de drogues, les raids de police et les opérations ciblées doivent être accompagnés par toute une stratégie de prévention. Le traitement et la réadaptation contribuent néanmoins à réduire la gravité du problème des drogues. «L’offre et la demande sont des maux d’égale ampleur, auxquels il faut s’attaquer simultanément et avec une vigueur et une conviction identiques, indiquent, en effet, les Nations Unies dans son dernier rapport sur la drogue. A cet égard, les programmes les plus efficaces sont à long terme, approfondis et inscrits dans les programmes scolaires existants. Bien entendu, il est aussi nécessaire de cibler les jeunes qui ne fréquentent pas l’école. Les efforts menés pour les atteindre dans la rue sont souvent utiles». 

M.B.S.M.

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