L’entité sioniste a érigé des murs de séparation dans la région de Yaroun, rendant inaccessibles plus de 4 000 mètres carrés de territoire libanais aux habitants, constituant des violations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité ainsi que de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban. C’est ce qu’a révélé la Force intérimaire des Nations unies au Liban, FINUL.
Il s’agit, en fait, d’un acte d’une gravité extrême qui dépasse le simple geste militaire ponctuel. Elle s’inscrit dans une logique bien plus large: une stratégie de modification unilatérale des frontières, d’imposition du fait accompli et de grignotage territorial méthodique, menée par l’entité sioniste depuis des décennies. Cette politique, déjà observée en Cisjordanie, s’étend aujourd’hui de manière inquiétante aux confins du Liban-Sud, en pleine période de tensions régionales exacerbées.
Le Liban, empêtré dans une crise politique et économique sans précédent, se retrouve une fois de plus confronté aux velléités expansionnistes d’un voisin qui ignore ouvertement les résolutions internationales. La Résolution 1701 du Conseil de sécurité, adoptée à l’issue de la guerre de 2006, impose clairement le respect de la Ligne bleue et interdit toute modification unilatérale du statu quo à la frontière.
Or, la construction de ces murs, infrastructures permanentes et lourdes, revient précisément à redessiner cette ligne selon les intérêts de l’armée sioniste, au mépris du droit international et de la souveraineté du Liban.
À Yaroun, comme ailleurs dans le Sud, les populations vivent déjà sous la menace constante des survols, des incursions et des intimidations sionistes répétées. Ajouter à cela une infrastructure physique qui entaille leurs terres, qui empiète sur les propriétés privées et qui transforme des zones rurales en espaces militarisés, revient à imposer une pression psychologique supplémentaire à des communautés qui n’ont jamais réellement connu la paix. Pour les habitants, ces murs ne sont pas de simples « mesures de sécurité ».
Ils incarnent une tentative claire d’appropriation progressive du territoire. L’argument sécuritaire avancé systématiquement par les sionistes ne tient pas lorsqu’il se traduit par des modifications permanentes et unilatérales de frontières reconnues internationalement. La sécurité d’un État ne peut être assurée en violant la souveraineté d’un autre.
Au contraire, ce type d’action ne fait qu’alimenter les tensions, nourrir le ressentiment et créer les conditions d’une escalade future. En érigeant ces murs, Israël ne crée pas des frontières, mais des foyers potentiels d’affrontement.
Ce qui se produit à Yaroun est également le symptôme d’un déséquilibre plus large : celui de la faiblesse des mécanismes internationaux censés protéger les États les plus vulnérables. La FINUL, bien qu’elle joue un rôle important d’interposition et de surveillance, se retrouve souvent impuissante face aux violations répétées de l’entité sioniste.
Ses rapports détaillent régulièrement les incursions terrestres et aériennes, mais la communauté internationale, absorbée par d’autres crises internationales, réagit rarement avec la fermeté nécessaire. Ce silence, ou du moins cette timidité, encourage de facto la poursuite de ces actions violant ouvertement le droit.
Le Liban, de son côté, ne dispose ni de la stabilité interne, ni des institutions solides nécessaires pour répondre efficacement à ces provocations.
Mais cela ne rend pas ses droits moins légitimes ni ses frontières moins sacrées. La souveraineté d’un pays ne varie pas en fonction de sa puissance. Les principes fondamentaux du droit international doivent s’appliquer à tous les États, sans exception.
Il est essentiel que les pays arabes, et plus largement les acteurs internationaux qui affirment défendre le respect des frontières et de la souveraineté nationale dans d’autres contextes, adoptent une position claire et ferme. L’enjeu dépasse largement l’incident de Yaroun : il concerne l’intégrité territoriale d’un État dont les institutions ont déjà été fragilisées par des décennies de conflits, de crises et de pressions extérieures. Il concerne aussi la crédibilité même des résolutions internationales, constamment bafouées par l’entité sioniste.
La multiplication des murs, dans un monde où l’on prétend œuvrer à l’ouverture, à la coopération et à la stabilité, révèle une contradiction profonde. Les murs ne règlent rien : ils enferment, ils divisent, ils créent des blessures géopolitiques qui mettent des décennies à cicatriser. À Yaroun, comme ailleurs, ils symbolisent un déséquilibre de force, une tentative d’imposer une réalité non négociée.
Il est urgent que cette violation ne passe pas sous silence. Il est tout aussi urgent de rappeler qu’aucune sécurité durable ne peut être construite sur la confiscation progressive des terres et le mépris du droit. Le Liban a le droit, comme tout autre pays, à des frontières respectées, à une souveraineté intacte et à une paix authentique, non dictée par la force mais garantie par la justice.
J.H.

