Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le torchon brûle entre l'Union régionale du travail de Sfax et l'UTICA. En cause: la grève générale décidée pour le 18 novembre et qui devrait toucher le secteur privé. Comment expliquer ce "retour en force" de l'UGTT sur la scène ?
L’Union régionale de l’industrie, du commerce et de l’artisanat de Sfax (UTICA) a publiquement tenu l’Union régionale du travail pour responsable de toutes les conséquences pouvant découler d’un éventuel arrêt du travail jugé illégal, notamment en ce qui concerne les salaires des employés et les préjudices susceptibles d’être subis par les entreprises. Cette mise en garde a été formulée dans un communiqué publié mercredi dernier et relayé par Tunisie numérique.
Ce communiqué, selon la même source, intervient à la suite de l’appel de l’Union régionale du travail à entamer des négociations sociales régionales dans le secteur privé, visant une augmentation des salaires pour les années 2025, 2026 et 2027. Par ailleurs, l’Union régionale a brandi la menace d’une grève prévue le 18 novembre, touchant 68 entreprises privées du gouvernorat de Sfax.
Face à cette annonce, l’UTICA de Sfax a exprimé sa profonde désapprobation, dénonçant une démarche qu’elle juge inappropriée et mettant en garde contre « l’implication d’entreprises indépendantes dans des crises qui ne relèvent pas de leur champ d’action ».
Dans son communiqué, l’organisation patronale a estimé, à son tour, que l’avis de grève publié par l’Union régionale du travail constitue « une intention explicite et un appel à des comportements non pacifiques », notamment à des atteintes à la liberté de travail des fournisseurs, clients et partenaires économiques des entreprises concernées.
Le bureau exécutif de l’UTICA de Sfax a rappelé également que de tels actes sont sanctionnés par le droit tunisien, et contraires aux principes de la Commission de la liberté syndicale du Bureau international du travail (BIT). L’UTICA avertit, en outre, que les entreprises pourraient saisir la justice si de telles actions venaient à se concrétiser.
L’organisation patronale a en outre souligné que ce type de mouvements sociaux « nuit à la paix sociale » et compromet la stabilité nécessaire à l’activité économique, particulièrement dans un contexte national fragile. Elle alerte sur les conséquences lourdes d’un arrêt de travail dans des entreprises fortement tournées vers l’exportation, rappelant que plusieurs d’entre elles figurent dans la liste des sociétés concernées par la grève annoncée.
Enfin, l’UTICA de Sfax affirme qu’aucune entité régionale n’a le droit d’appeler à une augmentation salariale, cette compétence étant réservée exclusivement aux deux structures nationales — l’UGTT et l’UTICA — en coordination avec le ministère des Affaires sociales, conformément aux dispositions en vigueur, notamment l’article 134 du Code du travail. Comment interpréter ce mouvement social dans ce contexte assez tendu ?
Escalade ...
Interrogé à ce sujet, l'activiste Sahbi Khaldi nous a confié : " A mon avis, il faut nuancer entre la Centrale syndicale et l'Union régionale du travail de Sfax. L'on sait, en effet, que les syndicalistes de Sfax se sont toujours opposés à l'actuel bureau exécutif issu du fameux congrès de Sousse et de l'amendement de l'article 20. Donc, il y a eu toujours des divergences entre la Centrale et l'un des plus importants bastions du syndicalisme en Tunisie, à savoir Sfax. Donc, ce mouvement social décidée pour le 18 novembre s'inscrit dans cette indépendance au niveau de la prise de décision.
Revenons maintenant à cette grève. A mon avis, le blocage est dû à la conjoncture économique très difficile et qui rend la satisfaction de certaines revendications syndicales presque impossible". Et d'ajouter : " Le gouvernement doit agir notamment au niveau du secteur privé afin d'encadrer les négociations sociales entre les patrons et les syndicats pour préserver la paix sociale. Aussi, au bureau exécutif central d'apaiser les tensions et recadrer les positions de ses unions régionales pour éviter les dépassements.
M.B.S.M.

