Par Hassan GHEDIRI
En surclassant l’Italie, l’Allemagne était devenue le deuxième investisseur étranger en Tunisie. L’administration et la douane restent toutefois deux entraves majeures auxquelles se heurtent les entreprises allemandes implantées dans notre pays…
Malgré les tensions géopolitiques qui se multiplient et les chocs économiques qui s’enchaînent dans le monde, l’on peut toujours estimer que la Tunisie a su préserver son statut de partenaire privilégié et destination incontournable pour les investisseurs européens. Courant ces deux dernières années, il y avait cependant un changement dans le peloton de tête des plus grands investisseurs.
Derrière une France indétrônable qui demeure le premier partenaire économique de la Tunisie, l’Italie, historiquement deuxième du podium, a cédé sa place à l’Allemagne qui affiche d’ailleurs de grandes ambitions d’investissements dans notre pays.
C’est en effet le constat qui se dégage de l’enquête annuelle réalisée par la chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK Tunisie) sur la situation économique et les perspectives des sociétés allemandes en Tunisie. Dans cette nouvelle étude, l’AHK souligne que la Tunisie s’est affirmée comme un partenaire économique clé pour l’Allemagne en Afrique.
Durant 2024, et malgré une chute des exportations allemandes vers le continent, la Tunisie a tiré son épingle du jeu en attirant davantage d’IDE allemands qui ont été de l’ordre de 100 millions d’euros, soit un peu plus de 350 millions de dinars. Ces investissements ont permis la création de plus de 5 mille nouveaux postes d’emploi, principalement dans l’industrie.
Fortement intégrée aux chaînes de valeur industrielles allemandes, la Tunisie constitue, en effet, un site privilégié de délocalisation des industries de haute valeur ajoutée, comme la fabrication des composants électroniques, de câblages automobiles et de biens manufacturés. Et en fait, c’est, entre autres, grâce aux entreprises allemandes exportatrices que la Tunisie avait réalisé un excédent commercial de plus de 900 millions d’euros avec l’Allemagne.
Assainir le climat d’affaires
Par ailleurs, l’enquête de l’AHK a fait ressortir que les entreprises à participation allemande implantées en Tunisie dressent un bilan grosso-modo positif et affichent des perspectives plutôt prometteuses, mais non sans exprimer certaines réserves qui tendent à réduire les ambitions.
Et pour cause, les contraintes d’ordres réglementaire et fiscal. Selon les témoignages des investisseurs allemands installés en Tunisie et rapportés par l’AHK, beaucoup de choses restent à faire, notamment en ce qui concerne les procédures administratives et douanières.
Contrairement aux objectifs affichés par le gouvernement qui prétend multiplier les réformes en vue d’assainir le climat d’affaires et augmenter l’attractivité du site Tunisie, les investisseurs allemands expriment un grand mécontentement à l’égard de l’administration et la douane avec lesquelles les rapports ont tendance à devenir plus compliqués d’une année à l’autre.
Ainsi, les défis liés aux procédures administratives, aux contraintes douanières et autres exigences imposées par la Banque centrale de Tunisie, en ce qui concerne le transfert de devises, ont pris une ampleur plus importante en 2025 par rapport à 2024, d’après l’appréciation des investisseurs allemands. Pour ce qui est de l’année 2026, les entreprises interviewées par l’enquête font montre d’un optimisme prudent.
La moitié d’entre elles n’envisagent aucun plan d’embauche pour l’année 2026, tandis que 10% des entreprises prévoient de réduire leurs effectifs contre 40% qui comptent créer de nouveaux emplois.
H.G.

