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Editorial : Secret de Polichinelle - Par Hassan GHEDIRI

La mer agonise en Tunisie devant le silence et la passivité des autorités qui ferment les yeux sur les crimes commis par des industriels hors-la-loi qui transgressent allègrement les règles élémentaires de l’environnement et de la santé publique. Cela fait plusieurs semaines que des cris d’alarme sont lancés par les pêcheurs et les activistes écologistes face à une mortalité anormale des poissons constatée dans le golfe de Tunis.

Face à la stupéfaction générale qui a vite pris des proportions importantes sur les réseaux sociaux, les spécialistes de l’Agence nationale de la protection de l’environnement (ANPE) et de l’Institut national des sciences et des technologies de la mer (INSTM) étaient obligés de quitter le confort des bureaux pour tenter de lever le voile sur le mystérieux massacre.

Rien n’a encore été déclaré et le verdit sur les vraies causes de la catastrophe tarde à être proclamé alors que l’on avait pourtant promis de rendre publics dans les plus courts délais les résultats des analyses chimiques et bactériologiques supposées se dérouler sous une surveillance vigilante de l’INSTM et de l’ANME.

Mais, si l’on veut adhérer à l’opinion des hommes de terrain, qui parcourent le territoire national et qui se confrontent sans cesse à la réalité concrète de l’environnement dans notre pays, disons d’emblée que ce qui sortira des laboratoires est un secret de Polichinelle.

Elle est d’ailleurs curieuse et complètement aberrante l’habitude des organismes officiels (publics), en l’occurrence dans notre cas, l’ANME et l’INSTP, c’est-à-dire le ministère chargé de l’environnement, qui se plaisent à pratiquer l’art de la politique de l’autruche pour ne pas assumer leur responsabilité et appeler les choses par leur nom.

Qui refusent d’avouer leur échec et qui cherchent toujours à justifier leurs manquements et à arrondir les angles. Pour reprendre la phrase du début : la mer agonise dans notre pays et les « malfaiteurs » sont connus. Sur le banc des accusés il y d’un côté les industriels privés et également publics et de l’autre côté l’Office de l’assainissement.

C’est sur quoi jureront toutes les ONG nationales engagées dans la défense de l’environnement. Des investigations menées par une association écologique sont là pour affirmer, sans laisser l’ombre d’un doute, que beaucoup d’industriels mais aussi l’ONAS se moquent complètement de ce qu’on appelle «environnement», «préservation des écosystème» et «santé publique».

La mortalité massive de poissons constatée depuis quelque temps dans le golfe de Tunis serait incontestablement la conséquence des polluants chimiques. En parcourant la rive de l’oued Meliane qui coule sur plusieurs dizaines de kilomètres pour se jeter dans le golfe de Tunis entre les villes de Radès et d’Ezzahra, des activistes ont pu recenser et documenter pas moins d’une trentaine de sources de pollutions industrielles déversant, chacune, des dizaines de mètres cubes d’eau chargés de substances et de matériaux hautement toxiques pour les espèces vivantes.

Sur l’ensemble du littoral national qui se prolonge sur plus de 1100 km, en excluant les îles, l’on a, par ailleurs, épinglé 17 municipalités sur un total de 83 municipalités côtières, où les normes basiques et fondamentales de la gestion de la pollution sont négligées.

Il est grand temps pour l’Etat de prendre le mal à la racine, en imposant une tolérance zéro vis-à-vis des pollueurs, qu’ils soient privés ou publics. Ceux qui transgressent les règlements, détruisent les écosystèmes marins et exposent les Tunisiens à de graves dangers sanitaires doivent répondre de leurs actes devant la loi. Il est temps d’instaurer une véritable politique de contrôle, de sanction et de transparence, qui ne laisse aucune place à la complaisance ni à l’impunité.

H.G.

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