Par Chokri Baccouche
Les pays arabes, qui avaient pensé que la normalisation de leurs relations avec l’entité sioniste dans le cadre des « Accords d’Abraham » allait permettre l’établissement d’une paix juste au Proche-Orient fondée sur la solution des deux Etats, se sont fait pigeonner comme des bleus. Ce deal de la honte s’est révélé être en effet un attrape-nigauds ou plutôt un piège à cons dont la cervelle, pas plus grosse que celle d’un moineau, n’est même pas capable de comprendre comme il faut la signification d’une vache sur un panneau de signalisation en rase campagne. Les preuves qui confirment l’arnaque du siècle sont légion. La dernière en date est venue directement de la Maison Blanche dont le grand Manitou a annoncé il y a quelques jours qu’il ne s’opposera pas à l’annexion par Israël de la Cisjordanie. Il ne faut pas être un devin ou un Einstein en puissance pour comprendre et saisir la portée de cette déclaration qui a valeur de feu vert américain devant permettre à son trublion protégé israélien d’engloutir et faire main basse sur l’ensemble du territoire palestinien. L’appétit venant en mangeant et après Gaza, promise par le vorace Donald Trump pour être transformé en « Riviera du Moyen-Orient » après avoir été vidée par la force de ses propriétaires légitimes, c’est au tour donc de la Cisjordanie de connaitre le même sort.
La vache trônant sur le panneau de signalisation en rase campagne doit certainement rire aux éclats à l’heure qu’il est. Pas pour faire bonne impression et booster les ventes de la célèbre fabrique de fromage, mais pour se payer la tronche de tous ces dirigeants arabes qui ont cru bon et utile, par calcul mesquin, de courber l’échine et se plier aux exigences du roi Ubu américain et son alter ego israélien. In fine, tout ce beau monde a gagné un cocotier avec les promesses de lendemain qui déchantent car ils ne seront jamais à l’abri, eux aussi, d’une mauvaise surprise et pour cause ! Dans son délire faussement messianique et sa soif inextinguible de « l’espace vital », le premier ministre sioniste Netanyahu cherche par tous les moyens à concrétiser le rêve fou du « Grand Israël ». Pour donner corps à ce fantasme territorial, le dernier récipiendaire de l’Oscar du plus grand criminel de guerre du 21è siècle projette d’accaparer par la force des pans entiers de territoires des pays voisins, y compris ceux qui ont aimablement daigné adhérer aux « Accords d’Abraham ». Comme quoi, « sévices, sévices », camarades après. Les promesses n’engagent que les naïfs qui leur prêtent une oreille attentive et berner les incorrigibles bipèdes qui croient au Père Noël.
Peste et choléra : les dirigeants arabes qui se sont acoquinés avec Benjamin Netanyahu ont donc baissé leur froc pour des prunes. En normalisant leurs relations avec Israël, ils ont non seulement perdu leur dignité et trahi la confiance de leur peuple mais ils risquent également d’exposer leur pays aux vents de l’incertitude. Leur soumission aux oukases léonins américano-israéliens ne leur a rapporté finalement que l’insécurité, les désillusions et une succession d’humiliations. Pis encore, par le biais des « Accords d’Abraham » l’entité sioniste veut avoir le beurre des territoires occupés, l’argent du beurre et le sourire des Arabes mais sans rien donner en contrepartie si ce n’est la promesse, ouvertement déclarée… d’enterrer définitivement la Cause palestinienne.
Les bouleversements majeurs qui secouent le monde doivent inciter les dirigeants arabes à adopter une approche plus réaliste et constructive pour sortir de cette spirale défaitiste. A la condition de dépasser les calculs étroits, les divisions et les querelles intestines, le monde arabe peut transformer la douleur en force et l’humiliation en levier susceptible de les sortir de la mouise, la dépendance et la vulnérabilité. Pour prémunir leur pays contre les effets pervers de la loi de la jungle prévalant actuellement dans le monde, les dirigeants arabes doivent exorciser les démons de la peur et de la résignation et cesser de déléguer leur destin à ceux qui s’évertuent à violer le droit international. Ceux qu’ils considèrent, à tort, comme les gardiens du temple des libertés et de la justice qu’ils n’ont jamais, paradoxalement, rendue. Bref, entre être ou disparaitre le choix est vite fait en principe. Aux dirigeants arabes d’en prendre bonne note et les bonnes décisions pour prendre réellement en main le destin de leurs pays et leurs peuples et quitter les bas fonds de cette insoutenable résignation, terrain fertile de toutes les incertitudes et mère nourricière de lendemains qui déchantent…
C.B.