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Editorial : Un double défi des disparités à relever - Par Hassan GHEDIRI

L’économie tunisienne affiche des signes encourageants. C’est ce que révèlent divers indicateurs communiqués ces dernières semaines par les institutions publiques. Il y a comme un frémissement qui parcourt le corps économique revivifiant l’espoir d’une relance vigoureuse et durable. En attendant que la tendance se confirme par les résultats du mois d’août, l’INS avait déjà dévoilé les chiffres d’un deuxième trimestre de 2025 qui montrent une toute petite lueur au bout du tunnel. Selon ses estimations établies à travers des calculs qui respectent normalement les standards de la science statistique, l’économie tunisienne a connu une hausse de la croissance avec un PIB ayant progressé de 2,4% au premier semestre pour se situer à 3,2% en glissement annuel. Durant la même période, chiffres à l’appui, le gouvernement s’est particulièrement réjoui de la diminution constante, bien que lente, de l’inflation, mais également du chômage perdant respectivement 10 et 40 points de base dans leurs taux. Les signes d’une relance économique sont multiples mais il y a ceux qui sont estimés d’une certaine manière plus tangibles que d’autres, entre autres la dynamique de l’investissement, c’est-à-dire le rythme de création de nouveaux projets et d’emploi notamment par les capitaux étrangers. A ce stade, il semble que les choses vont dans le bon sens, ou, pour être objectif et précis, les signes sont encourageants mais ne donnent pas pleine satisfaction. Au terme des six premiers mois de 2025, les flux des investissements internationaux auraient progressé de plus de 20% par rapport à la même période de l’année écoulée. Constatant les résultats réalisés au cours des trois dernières années, le progrès est sans appel avec notamment des investissements qui ont bondi de plus 60% par rapport à 2022. Cette performance ressort du tout dernier bulletin sur les flux des investissements directs étrangers (IDE) publié par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA) qui fait état d’un volume global de 1640 milliards de dinars. Mais attention ! Il y a un hic.  C’est une anomalie chronique et qui semble devenir irréparable, en l’occurrence cette disparité régionale flagrante dans le déploiement des investissements et qui constitue d’ailleurs une des principales causes de la marginalisation de beaucoup de régions et de l’exclusion d’une grande partie de la population laissée pendant des décennies à l’emprise de la pauvreté et du chômage. Les chiffres de la FIPA font ainsi état d’une grande disparité avec plus de 90% des flux d’IDE hors énergie réalisés au cours du premier semestre qui se concentrent dans le Grand Tunis et les régions du nord-est. Le problème de la disparité géographique ne se limite toutefois pas à la répartition territoriale des IDE dans le pays et qui résulte de divers facteurs tels que la qualité des infrastructures et la proximité des ports et des aéroports, mais caractérise aussi l’attractivité de la Tunisie à l’échelle des marchés émetteurs. Ce sont toujours les mêmes les partenaires historiques et classiques de l’Union européenne qui dominent les flux des IDE attirés par la Tunisie. Cela est de plus en plus considéré comme une entrave devant la diversification et la multiplication des investissements dans les secteurs innovateurs ayant une très forte valeur ajoutée économique et technologique et qui offrent d’importants opportunités d’emploi.
Il incombe alors à l’État de rompre avec cette logique d’inégalités territoriales et de dépendance exclusive vis-à-vis des partenaires traditionnels. La Tunisie ne pourra relever pleinement son double défi de disparité qu’en déployant une stratégie solide et efficace permettant, d’une part, à rééquilibrer l’attractivité des régions intérieures par des infrastructures modernes, des incitations ciblées et un accompagnement efficace des investisseurs et, d’autre part, à multiplier les partenaires en brisant la dépendance aux marchés classiques et en partant à la conquête des investisseurs en Afrique et en Asie. Seule une diplomatie économique agressive audacieuse permettrait de transformer les frémissements actuels en véritable dynamique inclusive et durable.

H.G.

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