Par Chokri Baccouche
Une lueur d’espoir se profile à l’horizon, même si le chemin est encore long et parsemé d’embûches : des dizaines d’Etats membres de l’organisation onusienne sont venus exprimer leur soutien à la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. C’est ce qui ressort de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question palestinienne qui vient d’avoir lieu au siège des Nations unies à New York. Plus d’une centaine de délégations ont pris la parole dans le cadre de cette conférence coorganisée par la France et l’Arabie saoudite et qui se tient dans un contexte dramatique à Gaza où les exactions israéliennes et la famine, transformée en arme de guerre par les dirigeants sionistes, ont décimé des pans entiers de la population palestinienne. La solution à deux Etats qui fait l’objet d’une unanimité quasi universelle marque à bien des égards un tournant diplomatique majeur même si l’idée en soi n’est pas nouvelle. On peut dire que la détermination du peuple palestinien à Gaza, qui a fait preuve d’une résistance résiliente qui force l’estime, malgré la brutalité de l’occupant israélien, a été déterminante.
Elle a suscité, en effet, un éveil des consciences particulièrement en Occident mais a permis également et surtout de remettre au-devant de la scène internationale la question palestinienne. Les mobilisations pro-palestiniennes massives dans les principales capitales occidentales, bien appuyées par des intellectuels de tous bords et des artistes, ont contraint de nombreux gouvernements à revoir leur position. Ces derniers ne pouvaient, moralement parlant, rester éternellement indifférents face aux massacres de masse délibérément orchestrés par le gouvernement extrémiste du premier ministre israélien Netanyahu et exécutés par son armée. Avec plus de 60 mille morts palestiniens, des civils pour la plupart, dont de nombreux enfants et femmes, la guerre à Gaza a suscité un changement majeur de l’opinion publique occidentale.
Ce changement de bon aloi se vérifie notamment à l’aune des décisions prises par certains pays de reconnaître l’Etat palestinien. L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont sauté il y a quelques mois le pas au plus fort de la crise. La France, par la voix de son Président Emmanuel Macron, s’apprête à leur emboiter le pas courant septembre prochain au même titre que le Canada et la Grande-Bretagne qui viennent d’annoncer à leur tour, mercredi dernier, leur intention de reconnaître l’Etat de Palestine.
La conférence de New York a été marquée, dans ce cadre, par un fait historique d’une portée politique majeure qui cristallise une évolution de l’état d’esprit positive en Occident. Le ministre britannique des Affaires étrangères a surpris en effet agréablement son auditoire en présentant en effet des excuses tout en reconnaissant que la Déclaration de Balfour de 1917, censée garantir dans le même temps les droits nationaux du peuple palestinien, n’avait jamais été appliquée par la puissance mandataire. Cet aveu inédit, qui remonte à la source du drame moyen-oriental, sonne comme une expiation par le pays de sa Majesté d’un vieux péché dont les victimes expiatoires ne sont autres que les Palestiniens. Réparer justement cette injustice et faire prévaloir la légalité et le droit international reste la seule solution viable pouvant mettre fin au sempiternel conflit israélo-palestinien et favoriser une paix durable dans la région. La conférence de New York a mis en lumière une évidence à savoir que la justice ne peut être occultée éternellement, car elle finit tôt ou tard par éclater au grand jour. La communauté internationale doit faire en sorte que cette précieuse justice ne soit plus l’otage de ceux qui cherchent par tous les moyens de l’étouffer. Elle doit surtout renforcer la mobilisation et veiller à l’application stricte des résolutions onusiennes visant la création d’un Etat palestinien indépendant qui reste l’unique option pouvant mettre un terme au drame moyen-oriental.
La conférence de l'ONU sur la Palestine s’est donc achevée avec l'espoir d'avoir créé une dynamique diplomatique. Plus que jamais, le monde dit libre est confronté au devoir moral et historique d’agir en conséquence et de toute urgence pour permettre aux Palestiniens de recouvrer leur liberté et leurs droits spoliés et mettre fin aux souffrances indicibles qu’ils subissent depuis voilà plus de 70 ans…
C.B.