Par Chokri Baccouche
Au moment où la crise à Gaza atteint son paroxysme et où la famine, utilisée par les dirigeants sionistes comme arme de destruction massive, tue des enfants par dizaines chaque jour, le président français Emmanuel Macron a annoncé, jeudi dernier au soir, que son pays se préparait à reconnaître un Etat palestinien lors de la prochaine assemblée générale des Nations unies prévue courant septembre prochain. Reportée après les attaques israéliennes sur Téhéran, cette conférence multilatérale organisée par la France et l'Arabie saoudite en faveur de la solution à deux Etats a dû revoir ses prétentions à la baisse. Les organisateurs espéraient notamment obtenir des reconnaissances croisées. Plus précisément, ils soutiennent qu'en échange de la reconnaissance d'un Etat palestinien par de nouveaux pays, certains Etats musulmans reconnaîtraient Israël, ou donneraient au moins des signaux dans le sens d'une normalisation des relations. L’annonce d’Emmanuel Macron a fait réagir autant la classe politique française que de nombreux dirigeants, notamment occidentaux. Si La France Insoumise, la mouvance politique du remuant Jean-Luc Mélenchon, a salué une « victoire morale », le Rassemblement National de Marine Le Pen, en revanche, a dénoncé une « décision précipitée ». Comme il fallait s’y attendre, cette annonce a suscité la colère des dirigeants sionistes. Elle a été dénoncée avec la » plus grande fermeté » par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou. "Dans ces conditions, un État palestinien serait un tremplin pour anéantir Israël, et non pour vivre en paix à ses côtés", a-t-il écrit sur X. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a pour sa part qualifié la décision française de "honteuse" et de "capitulation face au terrorisme". La même position critique se vérifie, également et sans surprise, chez l’inamovible allié américain d’Israël. Toujours porté sur les déclarations à l’emporte-pièce qui transpirent l’arrogance, le président américain n’a pas hésité à tacler son homologue français. "Ce qu'il dit importe peu. C'est quelqu'un de très bien, je l'apprécie, mais cette déclaration n'a pas beaucoup de poids. Cela ne changera rien", a affirmé le locataire de la Maison Blanche, en marge de sa récente visite en Ecosse. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a dénoncé, pour sa part, une décision "imprudente" et un "camouflet pour les victimes du 7 octobre". Les déclarations du chef de la diplomatie U.S semblent tout droit puisées d’une interview de Benjamin, réalisée par Netanyahu. Une façon de dire qu’elles sont conformes en tout point à la position du gouvernement sioniste qui porte en horreur, bien évidemment, la perspective visant la création d’un Etat palestinien, et ce, quels qu’en soient les mobiles ou les raisons.
Tous les peuples épris de liberté et de justice ne peuvent, bien sûr, qu’applaudir la décision de la France, même si beaucoup auraient aimé et souhaité que cette reconnaissance par l’Hexagone de l’Etat palestinien ait un effet immédiat. Mais bon, il ne faut pas cracher dans la soupe tout de même surtout que la décision courageuse d’Emmanuel Macron, et contrairement à ce que pense le président américain, pèse lourd politiquement parlant. Premier pays du G7 en passe de reconnaitre l’Etat palestinien, la France se joindra alors aux 142 nations, au moins, ayant déjà franchi le pas, soit près de 75% des 193 États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU). Ces statistiques qui se passent de tout commentaire démontrent que l’écrasante majorité des pays soutiennent avec force la cause palestinienne et le droit inaliénable du peuple palestinien à recouvrer sa liberté et vivre dans un Etat viable et indépendant, conformément aux résolutions onusiennes. A l’exception de quelques micro-Etats, menés à la baguette par l’administration américaine sous la pression du lobby juif et d’un nombre infime de pays encore hésitants, par opportunisme ou par peur de représailles, le monde dans sa majorité plaide donc en faveur de la justice et de la légalité internationale dans l’objectif de mettre un terme à ce sempiternel drame palestinien qui perdure depuis voilà plus de 70 ans.
La France s’apprête ainsi à se joindre à la cohorte des voix qui ne cessent de résonner depuis des mois dans de nombreuses capitales aux quatre coins de la planète pour réclamer la fin de l’effroyable guerre à Gaza et la liberté pour la Palestine.
Après des mois de tergiversations marqués par des positions le moins qu’on puisse dire ambiguës, la France, berceau de la Déclaration universelle des droits de l’homme, retrouve peu à peu ses esprits et agit dans le bon sens. Le sens de l’histoire s’entend et du respect des valeurs universelles communément admises…
C.B.