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Editorial : Café crime arrosé sang au bistrot de l’immoralité…

Par Chokri Baccouche

Décidément, Rima Hassan est un sacré bout de femme tout feu, tout flamme. Cette eurodéputée d’origine palestinienne est sur tous les fronts et défend avec acharnement la cause juste de son peuple, et pour cela elle ne ménage aucun effort pour éveiller les consciences en Europe et partout ailleurs dans le monde. Son militantisme à tout crin est pour le moins spectaculaire et force le respect et l’estime. Après avoir participé récemment à l’expédition de la « Flottille pour la liberté » visant à briser le blocus inhumain sur Gaza, Rima Hassan est revenue de plus belle à la charge de retour en France. Jamais à court d’idées, elle a organisé en effet avec ses équipes un forum pour la Palestine qui a réuni récemment au Parlement européen les leaders des mouvements étudiants de toute l’Europe. Cet événement, qui se tient dans un contexte de répression croissante des mouvements pro-palestiniens, se veut une plate-forme de dialogue d’action collective et de solidarité. L’objectif principal de ce forum est de formuler des revendications qui devaient être présentées au Parlement européen, garantissant que les voix des étudiants européens œuvrant pour la justice en Palestine soient entendues et reconnues dans la politique européenne.
L’initiative de Rima Hassan a fait, en tout cas, mouche. Elle a permis aux leaders des mouvements estudiantins du vieux continent d’exprimer leur point de vue sur la tragédie en cours dans les territoires occupés. Ces derniers n’ont pas manqué ainsi de dénoncer les effroyables exactions perpétrées à Gaza et en Cisjordanie par l’armée sioniste ainsi que l’ineptie calculée et l’hypocrisie des dirigeants européens. Il faut dire que le fossé qui sépare les gouvernants et les citoyens européens se creuse à vue d’œil depuis quelque temps. Autant la société civile européenne fait montre d’une solidarité exemplaire et de bon aloi à l’égard des Palestiniens, autant leurs dirigeants continuent à tergiverser sur les pressions à exercer sur Israël pour inciter le gouvernement du criminel de guerre Netanyahu à faire cesser le massacre des Palestiniens à Gaza. Exaspérée et excédée par la politique génocidaire du Premier ministre sioniste et la clique extrémiste de son équipe gouvernementale, l’opinion publique européenne monte au créneau ces derniers temps. En plus des manifestations pro-palestiniennes organisées régulièrement dans de nombreuses capitales européennes, le mécontentement populaire est exprimé avec véhémence par de très nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Ici et là on stigmatise l’attentisme affligeant des dirigeants européens qui alternent le clair-obscur et s’empêchent d’une manière ou d’une autre de prendre une position commune claire et sans ambages susceptible de mettre un terme au pogrom enduré par les populations civiles palestiniennes.
Il faut dire que le paradoxe des dirigeants européens est saisissant. Malgré les preuves formelles qui crèvent les yeux et l’écran sur les crimes de guerre sionistes, ils continuent à louvoyer. Israël commet les pires atrocités, affame des femmes et des enfants et déshumanise tout un peuple, mais les dirigeants européens, à quelques très rares exceptions près, font comme si de rien n’était. Pis encore, ils se font complices du génocide en continuant à fournir des armes au bourreau sioniste dans une fuite en avant qui n’a d’égale que la folie meurtrière du cynique Benjamin Netanyahu. Comble de l’absurdité et de l’insulte au bon sens et à l’intelligence, malgré le rapport accablant présenté, jeudi, par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, sur les infractions au droit international commises par les dirigeants sionistes, les Vingt-Sept n’ont pas pu s’accorder sur une éventuelle suspension de l’accord d’association avec l’Etat hébreu. Comme c’est le cas depuis octobre 2023, les Européens continuent à diverger, non pas sur l’évaluation de la situation humanitaire catastrophique sur le terrain, que tous déplorent, mais plutôt sur la méthode et le degré de pression politique qu’ils doivent employer pour qu’Israël mette un terme aux frappes meurtrières et aux destructions, et rétablisse un système de distribution d’aide humanitaire sûr et neutre. Le comble c’est que, malgré le caractère extrêmement urgent de l’affaire, les Européens ne se privent pas du luxe de trainer les pieds en repoussant à la mi-juillet leur décision sur une éventuelle remise en question de cet accord. L’heure, c’est l’heure, avant l’heure ce n’est pas l’heure, après l’heure c’est trop tard : cette logique est peut-être bonne pour le commun des mortels mais pas pour les Européens malheureusement qui offrent ainsi très explicitement au génocidaire Netanyahu un temps précieux pour terminer sa macabre besogne. On ne peut s’empêcher de penser en tout cas que ce report a valeur de pause-café à la buvette de la complicité et de l’immoralité qui n’est pas sans rappeler la célèbre chanson de Jacques Prévert « La grasse matinée : un peu plus loin le bistrot café-crème et croissants chauds l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête un brouillard de mots, un brouillard de mots sardines à manger œuf dur café-crème café arrosé rhum café-crème café-crème café-crime arrosé sang». Le sang des innocents palestiniens s’entend…

                                                                                                                  C.B.

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