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Editorial : Une invulnérabilité dans un camp de nudisme…

Par Chokri Baccouche

Les dirigeants sionistes, qui pensaient dur comme fer que le Moyen-Orient était à leur merci, savent désormais à quoi s’en tenir. En s’attaquant à l’Iran, ils ont découvert que le mythe de l’invulnérabilité, sur lequel ils avaient fondé toute leur stratégie pour asservir les peuples de la région, n’était finalement qu’une illusion. La guerre de douze jours délibérément déclenchée contre le régime des mollahs sous des prétextes fallacieux a mis à nu, en effet, l’extrême vulnérabilité de l’entité sioniste qui s’est révélée finalement un tigre en papier. Passé le choc des premières heures après l’attaque israélienne, les Iraniens ont vite fait de prendre les choses en main, démontrant au passage une capacité de résilience remarquable en un laps de temps extrêmement court. Les hauts gradés des Gardiens de la révolution assassinés par les sicaires-espions à la solde d’Israël ont été remplacés illico sans que le moral du peuple et des troupes iraniennes ne soit entamé. Bien au contraire : la riposte de Téhéran ne s’est pas fait attendre et elle a été, en tout point, aussi efficace que douloureuse. Le premier enseignement qu’on peut tirer de cette guerre c’est que l’Iran a fait montre d’une incroyable avancée technologique, particulièrement dans le domaine des missiles balistiques dont l’apport a été, à bien des égards, déterminant quant à l’issue de ce conflit. C’est grâce justement à ces missiles d’une remarquable précision que l’Iran a pu préserver son intégrité territoriale et casser net l’élan expansionniste de l’entité sioniste. Bien plus, l’Iran, qui est sorti vainqueur de la confrontation qui lui a été imposée, a réussi à ramener Israël à sa juste dimension.
Qui veut aller loin doit ménager sa monture, dit-on. Pour paraphraser ce célèbre adage, on peut dire que pour survivre dans le monde actuel régi malheureusement par la loi de la jungle et la force, il ne faut ménager aucun effort pour protéger ses arrières et ses intérêts. Et à ce titre, il faut reconnaitre que les Iraniens n’ont pas chômé tout au long des dernières décennies. Le fait que les universités iraniennes « produisent » chaque année près de trois mille ingénieurs, toutes spécialités confondues, est révélateur du dynamisme de cette nation qui se savait menacée dans son existence et confrontée, depuis des années, à une menace imminente. Ces têtes bien faites, loin d’être négligées comme c’est le cas dans bien d’autres pays arabes pour des raisons qui échappent à la logique et au bon sens, ont travaillé d’arrache-pied, contribuant ainsi et dans une large mesure à cimenter l’édifice sécuritaire de leur pays et accroître son rayonnement à l’échelle internationale. Le développement spectaculaire des capacités militaires de l’Iran n’est donc pas le fruit d’un simple hasard. Il découle d’une stratégie à long terme, mûrement réfléchie et qui a révélé, très certainement, son efficacité et son bien-fondé.
L’issue de cette guerre, qui a tourné finalement à l’avantage de l’Iran - n’en déplaise au Premier ministre israélien qui crie sur tous les toits le contraire - a permis au pays des mollahs non seulement de rabattre le caquet de ses ennemis israéliens, mais de s’imposer également et surtout comme un acteur clef au Proche-Orient et une puissance militaire à ne pas négliger et sous-estimer. Dans la pratique, l’entité sioniste ne sera plus perçue logiquement comme un ogre qui dicte ses lois et ses desideratas par la terreur et le recours à tout va à la force. Cette nouvelle donne est annonciatrice d’un bouleversement majeur de l’équilibre des forces dans cette région du monde qui fait l’objet d’un enjeu géopolitique de la plus haute importance.
Grand perdant de ce conflit, Benjamin Netanyahu, l’homme par qui tous les heurts et malheurs du Moyen-Orient arrivent, sort encore plus amoindri. Il est désormais confronté à un magma de déboires. Sévèrement tancé par ses propres concitoyens qui le tiennent directement pour responsable du désastre causé par sa « guerre préventive » qui a généré d’énormes dégâts matériels et humains en Israël et forcé des milliers d’Israéliens à l’exil, il est plus que jamais isolé et dos au mur. Ce conflit injustifié n’était, en fin de compte, qu’une énième erreur commise par le va-t-en guerre Netanyahu qui récolte, aujourd’hui, les fruits de son extrémisme génocidaire et ses interminables dérives. Dans l’hypothétique espoir de tirer du pétrin Netanyahu, son complice dans tous les coups fourrés, le président américain, s’est fait ces derniers jours l’avocat du diable. Il réclame, en effet, pince sans rire, l’annulation du procès pour corruption intenté par la justice israélienne à son encontre qu’il a qualifié de «chasse aux sorcières». Le soutien apporté par Trump à son alter-ego sioniste n’est pas une surprise. En mai 2024, le locataire de la Maison Blanche était lui-même devenu le premier président élu des États-Unis condamné au pénal, dans une affaire des paiements cachés à une star de films X pour laquelle il avait été dispensé de peine en janvier dernier, juste avant son retour à la tête de l’Exécutif américain. Comme dans les autres affaires où il était poursuivi, il s’était présenté comme la victime d’une «chasse aux sorcières» orchestrée par ses adversaires politiques.
Chez les magouilleurs, les va-t-en guerre rapaces et les incorrigibles séditieux, la solidarité n’est pas un vain mot. Par cette initiative, Trump cherche à offrir une voix de sortie permettant à son cynique comparse de quitter définitivement la politique sans trop de bobo. Mais ce qui est plus que certain, c’est qu’il ne pourra rien pour éviter l’entrée de Netanyahu au Panthéon des plus grands criminels de guerre de l’histoire. Encore moins la perception dont se font de cet homme des millions de citoyens à travers la planète, à savoir l’incarnation personnifiée du mal dans toute son horreur et son indicible inhumanité…

                                                                                                                                   C.B.

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