Par Chokri BACCOUCHE
Ah la belle affaire ! Donald Trump a fini donc par envoyer ses B2 pour larguer des bombes de 14 tonnes sur les sites nucléaires iraniens. Tu peux lancer des youyous Brigitte, le vieux schnoque vient de sauver son honneur et en même temps celui de son alter-égo israélien, Benjamin Netanyahu en l’occurrence, qui est en train de recevoir depuis quelques jours la raclée de sa vie infligée par les Gardiens de la révolution iraniens. Il lui fallait sauter le pas ne serait-ce que pour sauver la face et c’est désormais chose faite. Et qu’est-ce qu’il a gagné après son coup de force aussi brutal qu’illégitime ? Nada, rien, des pipeaux et pour tout dire que dalle. Certes, les bombes ont fait de gros trous mais sans plus. Malin comme ils sont, les Iraniens ont eu le temps de déplacer l’uranium enrichi, les centrifugeuses et tous les équipements et les matériaux sensibles dans un endroit sûr et secret pour les prémunir du mauvais œil. Certes, l’infrastructure des sites nucléaires de Natanz, Fordo et Isphahan ont été détruite mais gageons qu’elle sera retapée à neuf illico.
Benjamin Netanyahu qui respire depuis quelques temps avec une paille n’a vraiment pas de quoi pavoiser, bomber le torse et crier victoire comme il l’avait fait quelques heures après que les bombardiers de chez l’oncle Sam ont largué leurs engins. Il s’est mis en fait le doigt dans l’œil jusqu’à l’ombilic. En effet, et au soir de la même journée, une pluie de missiles iraniens jamais connue depuis le début de la guerre est tombée sur l’entité sioniste. Le Dôme de fer, censé protéger les villes israéliennes, n’y a vu d’ailleurs que du feu. La riposte de Téhéran était tellement violente que ce système antimissile qu’on dit infranchissable s’est transformé en simple agent de la circulation aérienne devant régler le trafic extrêmement dense des missiles iraniens: A droite les « Fattah », à gauche les Qader. Quant à vous les Emad et les Khyber Shakan, vous ne pouvez pas vous tromper, c’est tout droit le nirvana, mais allez y tout doux tout de même, car vous avez fait pas mal de dégâts les gars à Tel-Aviv, Haïfa et Beersheva. Ah la poisse ! Le mythe de l’invulnérabilité de l’armée israélienne « la plus morale du monde » a volé en éclats et s’est effondré comme un château de cartes en Espagne.
Pour avoir voulu jouer aux malins, les Benjamin Netanyahu et autres Ben Gvir et Smotrich découvrent donc, à leurs corps défendant, l’énorme erreur qu’ils ont commise. Habitués à guerroyer contre des adversaires vulnérables et sans défense, ils se sont cette fois-ci cassés les dents contre un ennemi iranien coriace qui leur a fait voir de toutes les couleurs. Du rose fushia au jaune moutarde, les tons en vogue qui montent au ciel après l’impact des missiles et bientôt ça sera, parait-il, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel réunies qui vont entrer en transe. De quoi épater feues Claude Monet, Auguste Renoir, Edgar Degas ou Edouard Manet, les maitres incontestés de la peinture impressionniste.
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Logiquement, Trump qui a bombardé et « détruit » les sites nucléaires iraniens au mépris de la Constitution américaine et du droit international, n’a plus aucune raison de répéter son coup vicieux puisqu’il admet lui-même que l’objectif qu’il s’était fixé a été atteint. Que compte faire la Maison Blanche ? Se contenter de cette démonstration de farce ou engager réellement l’armée américaine dans le conflit ? La première hypothèse parait la plus plausible et pour cause ! Aux Etats-Unis, la rue est gonflée à bloc. Elle est très en colère contre son Mister Président qui a la manie de mettre non seulement les pieds dans le plat partout où il passe mais de prendre également ses concitoyens pour des canards sauvages. C’est que Mister président a pris la décision grave et anticonstitutionnelle de s’attaquer à l’Iran sans l’aval du Congres, tout juste pour satisfaire son ego démesuré et celui de son alter-ego israélien, Benjamin Netanyahu. Résultat des courses, il s’est mis à dos l’écrasante majorité de l’intelligentsia américaine qui lui reproche son banditisme politique ainsi que l’ensemble de l’opinion publique de son pays qui rejette à l’unanimité l’engagement des Etats-Unis dans une guerre par procuration pour le compte de l’agresseur israélien, le trublion Netanyahu. Sévèrement critiqué en interne et à l’échelle internationale pour son expédition guerrière hasardeuse contre l’Iran, on doute fort que Donald Trump va s’aviser à persévérer sur le même mauvais chemin. Non pas parce qu’il ne le désire pas dans son for intérieur, mais parce qu’il redoute les retombées potentiellement catastrophiques s’il venait à poursuivre la guerre sur les intérêts directs de son pays. Et surtout, surtout parce que les Chinois, les Russes et les Pakistanais notamment sont entrés en scène pour jouer aux « trouble-fête » avec l’intention ferme de ne pas laisser leur allié iranien seul dans sa bataille contre la coalition américano-sioniste. Les mises en garde lancées, tour à tour, par le Kremlin, Pékin et Islamabad contre toute immixtion directe de pays étrangers dans le conflit irano-israélien, fixent une règle du jeu persuasive et dissuasive qui change radicalement la donne. Et ce sont pas d’ailleurs de simples paroles dans l’air si on prend en considération le fait que la Chine a pris l’initiative de dépêcher sur le théâtre des événements deux destroyers high-tech de la nouvelle génération qui mouillent actuellement au large du détroit stratégique d’Ormuz par lequel transitent entre 30 et 40% du trafic mondial d’or noir et de gaz.
Il est bien entendu que Pékin et Moscou ont flairé le mauvais coup des Occidentaux et plus particulièrement les Américains qui cherchent en réalité, au prétendu motif de neutraliser la fausse menace nucléaire iranienne, à torpiller le groupe des Brics dont la montée en puissance est vécue comme un cauchemar par les dirigeants américains et perçue comme un danger pour le leadership mondial des Etats-Unis. Les grandes puissances ne se contentent plus de se regarder en chiens de faïence comme à l’accoutumée. L’enjeu est bien trop grand pour se limiter à quelques critiques ou dénonciations d’une agression injustifiée et contraire au droit international. C’est ce qui explique la position ferme et sans ambages de Moscou, Pékin et Islamabad qui partagent les mêmes convictions et les mêmes préoccupations. Manque de pot pour Trump et Netanyahu, l’Iran n’est plus seul et ne sera pasB une proie facile comme ils l’avaient pensé. Téhéran qui se débrouille déjà à merveille comme une grande avec ses propres moyens, a désormais de sacrés gros bras à sa disposition, prêts à lui prêter main forte en cas de besoin.
Au final, tout le monde se tient en respect en somme, au grand dam de Netanyahu qui sera forcé de trouver seul, une voie de sortie hypothétique de la mélasse dans laquelle il s’est lui-même fourré. Au vu de la tournure des événements, on peut dire qu’il est dans un sacré pétrin. Un bourbier semblable à un sable mouvant qui donnera inévitablement le coup de grâce à sa cauchemardesque carrière politique finissante et engloutira ses délires expansionnistes. Le tout sur fond de « Boum, boum Tel-Aviv » le tube actuellement en vogue chanté ces derniers jours en chœur par des milliers d’apôtres de la liberté aux quatre coins de la planète…
Et maintenant, que va-t-il se passer ? Logiquement, Trump qui a bombardé et « détruit » les sites nucléaires iraniens au mépris de la Constitution américaine et du droit international, n’a plus aucune raison de répéter son coup vicieux puisqu’il admet lui-même que l’objectif qu’il s’était fixé a été atteint.
C.B.