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Editorial : Pourquoi la Chine et le Pakistan volent-ils au secours de l’Iran?

Par Chokri BACCOUCHE

Quelque peu grisé par l’appui inconditionnel de certains pays occidentaux qui le soutiennent à bras-le-corps contre vents et marées, le Premier ministre israélien a déclenché donc une guerre contre l’Iran. Mal lui a pris car il a découvert à ses dépens que l’armée iranienne n’était pas un tigre en papier mais une puissance redoutable qui est en passe de changer radicalement l’équilibre des forces au Moyen-Orient. La pluie de missiles iraniens déversés sur les principales villes et les sites stratégiques de l’entité sioniste ont non seulement fait voler en éclats le mythe hollywoodien de l’invulnérabilité d’Israël mais révélé également une nouvelle réalité dans la région. L’escalade en cours entre les deux belligérants ne prédit rien de bon. Elle se radicalise et atteint au fil des heures un seuil de plus en plus critique. Aux frappes israéliennes sur son territoire, Téhéran répond par de nouvelles salves de missiles. Les dégâts matériels et humains de part et d’autre sont considérables et tout porte à croire  à ce stade que la situation va empirer. L’entrée en scène de nouveaux protagonistes poids lourds à savoir la Chine et le Pakistan est un fait nouveau et inédit qui n’écarte pas l’hypothèse d’une probable extension de ce conflit au-delà du Moyen-Orient et ce, pour des considérations géopolitiques et stratégiques évidentes.
Pour la première fois, en effet, Pékin et Islamabad ne se sont pas contentés de condamner la violation par Israël de la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de L’Iran. Les deux pays ont exprimé, en effet, ouvertement leur pleine solidarité avec Téhéran, livrant ainsi un message sans ambages  «à qui veut bien l’entendre» dont la teneur ne laisse aucun doute sur leur détermination de soutenir l’Iran contre son ou plutôt ses ennemis si la situation l’exige. Cette nouvelle donne inédite fausse en fait encore plus les calculs de Benjamin Netanyahu et de ses alliés occidentaux qui ne s’attendaient certainement pas à une telle tournure des événements. Lui qui pensait en finir rapidement avec le dernier régime qui lui tient tête au Moyen-Orient et fait obstacle à ses ambitions expansionnistes, délirantes et démesurées, de mettre sous sa botte l’ensemble de la région, voit de plus en plus son rêve fondre comme beurre au soleil. Le général Mohsen Rezaee, officier supérieur du Corps des gardiens de la révolution islamique et membre du Conseil de sécurité nationale iranien vient d’ailleurs de rappeler que le Premier ministre israélien s’est embarqué dans une aventure à très haut risque. Il a déclaré en effet dans une interview au Daily Mail que « le Pakistan nous a assuré que si Israël utilise une bombe nucléaire contre l’Iran, il attaquera également Israël avec une bombe nucléaire ».
Au grand dam de Netanyahu, l’Iran ne sera pas une proie facile, livrée en pâture à ses velléités déstabilisatrices. Loin d’être isolé, le pays des mollahs compte en effet de puissants alliés, prêts à lui prêter main forte pour face à toute éventualité, y compris d’ailleurs celle d’une intervention directe de certains pays occidentaux, Etats-Unis en tête, dans ce conflit en faveur de leur protégé israélien.  Aïe, aïe, on peut dire que la partie chauffe avec des perspectives très incertaines pour l’ensemble des protagonistes, directs et indirects, de cette guerre qui n’est pas près de livrer tous ses secrets et appelés à connaître incessamment de nouveaux rebondissements potentiellement spectaculaires. Qu’est-ce qui a poussé la Chine et le Pakistan à sortir de leur réserve habituelle pour exprimer une position aussi claire et directe en faveur de l’Iran au moment où les tensions atteignent leur paroxysme. ? La réponse à cette question tient du fait que le conflit israélo-iranien n’est que la partie visible de l’iceberg qui cache d’énormes enjeux géopolitiques et stratégiques. On sait en effet que l’entité sioniste est considérée par l’Occident comme le poste avancé qui préserve ses intérêts au Moyen-Orient. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, quoique Netanyahu fasse, tue, massacre, affame ou agresse tous ses voisins, il est toujours défendu avec acharnement et aveuglément par ses sponsors occidentaux au prétendu motif qu’Israël a le droit de se défendre. La guerre occidentalo-sioniste contre l’Iran fait peser en fait une lourde menace sur les intérêts stratégiques de la Chine et pour cause! Quand on sait que Pékin importe à hauteur de 40% de ses besoins en pétrole de l’Iran, on comprend mieux pourquoi les responsables chinois sont sortis cette fois-ci de leur réserve. Pour faire plus simple, si d’aventure le régime iranien venait à chuter, les Etats-Unis contrôleraient toutes les sources énergétiques du Moyen-Orient, asphyxiant au passage l’économie de son plus grand rival chinois dans la course effréné que se livrent les deux superpuissances pour le leadership mondial.
De la même manière, l’hypothèse d’un changement de régime en Iran est vue, à raison du reste, par les dirigeants pakistanais comme un danger pour la sécurité nationale de leur pays, sans compter le fait que le nucléaire «musulman» pakistanais n’a jamais été porté en odeur de sainteté aussi bien par Israël que par ses alliés occidentaux.
Comment va se terminer cette affaire ? Dieu seul le sait ou plutôt de deux choses l’une: Ou bien tout le monde se rend à l’évidence de régler le problème à «l’amiable» par la voie politique ou bien on va souffler davantage sur le feu de cette guerre qui risque d’ouvrir à moyens termes les portes de l’enfer pour l’ensemble de la communauté internationale. Un enfer potentiellement nucléaire cette fois-ci où tout le monde sera finalement perdant. Plus que jamais, le monde est à deux doigts du précipice. On ose espérer que la raison et le bon sens l’emportent pour éviter le pire avant qu’il ne soit trop tard…

C.B.

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