Par Chokri BACCOUCHE
L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant, qui fait tout, disait Karl Marx. Pour paraphraser la citation du célèbre philosophe prussien, on est en droit de dire que ce sont les hommes réels et vivants qui créent en fait l’histoire, celle qui restera gravée dans la mémoire collective des générations présentes et à venir comme un hymne à la paix et une ode à la justice et l’espoir. Dans un monde aux abois régi par la loi de la jungle et où les valeurs de liberté et de justice sont foulées aux pieds, les hommes réellement libres sont toujours solides au poste fort heureusement et donnent de la voix pour crier leur indignation et voler au secours des peuples opprimés. Ces hommes et femmes dignes font partie de la race des Seigneurs avec un grand « S », car ils méritent qu’on leur rende un vibrant hommage pour leur courage et leur détermination sans faille à lutter contre les injustices ainsi que l’incurie et l’ineptie des dirigeants du monde qui ne cessent de se voiler la face et se dérober de manière honteuse à leur responsabilité historique et leur devoir moral, tout simplement par calcul politique mesquin et minable.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la caravane «Soumoud» à destination de Gaza qui a quitté, avant-hier, Tunis avec pour objectif de briser le blocus inhumain imposé par l’armée sioniste aux populations de cette enclave palestinienne sinistrée, privées d’eau et de nourriture et soumises à une effroyable épuration ethnique au vu et au su de la communauté internationale. Cette caravane de la « résistance » regroupe 1200 volontaires dont 2000 Tunisiens et 300 Algériens n’apporte pas d’aide humanitaire mais se veut un acte symbolique de soutien à ce territoire palestinien, livré depuis plusieurs mois à la barbarie sioniste. Le convoi, qui comprend notamment des médecins, des hommes et des femmes de cœur et de tout âge, vise à atteindre Rafah au Sud de la bande de Gaza en passant par la Libye et l’Egypte. Arrivés avant-hier à Gabès, ils ont été accueillis en fanfare et acclamés comme des héros pour leur engagement humanitaire de bon aloi et leur dévouement pour la noble et juste cause palestinienne. Tunisiens et Algériens s’unissent comme au bon vieux temps de la lutte contre le colonialisme et apportent ainsi leur contribution active en faveur du mouvement de libération de la Palestine, en donnant au passage une remarquable leçon d’altruisme, d’humanisme et d’engagement sans faille en faveur de la justice.
C’est au nom de cette même justice et ce même humanisme que les ressortissants d’autres pays se sont embarqués à bord du bateau Madleen dans l’espoir de rallier le territoire palestinien assiégé. Le voilier qui transportait de l’aide humanitaire avait à son bord 12 militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais. Il a été intercepté dans les eaux internationales et dérouté par la Marine sioniste qui a arrêté, manu militari, tous les membres de l’équipage. Cet acte de piraterie flagrant donne encore une fois la preuve formelle du mépris des dirigeants israéliens des conventions régissant la navigation maritime et de leur déni répugnant du droit international. Comme d’habitude à pareille violation, de nombreux pays se sont contentés de dénoncer cet acte de brigandage digne des flibustiers du 17ème siècle mais sans que personne ne daigne prendre des mesures concrètes ou envisager des sanctions contre les auteurs et les commanditaires de cette intervention musclée et illégale.
La caravane «Soumoud» et la flottille pour la liberté donnent la preuve formelle que l’humanisme n’a pas de religion et ne relève pas non plus d’une ethnie ou d’une culture spécifique. Malmené par les politiques pour des raisons qui n’échappent à personne, cet humanisme revient, à la bonne heure, à la charge plus déterminé que jamais à briser l’omerta et décidé à tenir la dragée haute aux apôtres de l’injustice et aux thuriféraires de l’impérialisme sioniste, raciste et suprémaciste. Ces hommes réellement libres sont non seulement une fierté pour l’ensemble de l’humanité mais également un gage d’espoir en de lendemains meilleurs. L’espoir de jeter les bases d’un monde plus équitable régi non point par la logique absurde de la force mais par le droit qui consacre le triomphe de la justice. Avec la caravane «Soumoud» et la flottille de la liberté, l’entité sioniste est mise encore plus à nu et au ban de la communauté des nations comme un Etat paria aujourd’hui désigné d’un doigt immaculé qui se targue d’être le dernier régime d’Apartheid encore en service.
Les conséquences politiques de cet état de fait sont pour le moins énormes car rien ne sera plus désormais comme avant. Face aux horreurs israéliennes, le monde dans sa diversité culturelle et religieuse plurielle bouge comme le prouvent les manifestations pro-palestiniennes organisées dans de nombreuses villes aux quatre coins de la planète. Le monde des hommes réellement libres et vivants qui sont en passe d’écrire une nouvelle page de l’histoire et qui créent en fait l’histoire. Bons sangs ne sauraient tolérer davantage la tyrannie et la barbarie, ni laisser au bord de la route les peuples opprimés, ces victimes expiatoires de l’hypocrisie des uns et des velléités bassement expansionnistes et racistes des autres…
C.B.