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Editorial : Au nom du Père, de la justice et de la sainte absolution …

Par Chokri BACCOUCHE
Marc Botenga aime dire la vérité toute crue et pour cela il a la langue bien pendue. Une langue aussi aiguisée qu’une lame de rasoir, surtout quand il s’agit de dénoncer les injustices, l’hypocrisie et l’ineptie calculée de ceux qui prétendent être les farouches défenseurs des libertés et de la démocratie. Né en 1980, cet homme politique belge, membre du Parti du travail de Belgique et député européen depuis 2019, joue souvent les «trouble-fêtes» du côté de Bruxelles où ses missiles «langue portée» dans l’enceinte du Parlement européen contre les surprofits des multinationales pharmaceutiques, militaires ou de l’énergie, créent régulièrement l’événement. Il y a quelques jours, Marc Botenga a tiré sa dernière salve en date pour critiquer vertement et ouvertement la duplicité des pays européens et leur partialité à l’égard de l’entité sioniste. «L’Union européenne finance Israël Aerospace Industries, le plus grand groupe de défense israélien, Rafael Advanced Defense Systems, entreprise publique de défense, et même le ministère de la Défense israélien, avec nos impôts via les fonds dits Horizon pour la recherche. La Com-mission refuse de couper ces fonds pour Israël. Pourtant, elle l’a fait pour la Russie en 2022. Ce deux poids deux mesures nous rend complices. Il doit cesser», a déclaré Marc Botenga dans ce réquisitoire qui en dit long sur le double jeu et la double face de l’U.E concernant le drame qui se déroule actuellement dans les territoires occupés.
C’est un véritable ticket pour le Hammam ou bain maure qu’offre en fait Marc Botenga aux pays de l’U.E, là où ils auront l’opportunité d’expier ou plutôt décrasser leurs péchés et remettre leur pendule à l’heure de la justice et du respect des valeurs universelles dont ils prétendent être paradoxalement les champions incontestables et in-contestés. On savait déjà que de nombreux pays européens ont pris fait et cause pour l’entité sioniste depuis le déclenchement de la guerre à Gaza. Mais face aux horreurs indicibles perpétrées par l’armée sioniste «la plus mo-rale du monde» contre les populations civiles palestiniennes, on avait pensé que ces pays seraient tentés, par souci de sauver la face au moins, de réviser leur position pour faire pression sur le Néron du Moyen-Orient, le Premier ministre sioniste en l’occurrence, afin de l’inciter à faire cesser son génocide. Il n’en fut rien malheureusement: l’Europe continue à financer et armer le bourreau israélien comme si de rien n’était avec la même ardeur, le même dévouement et le même engagement.
Dix-neuf mois après le déclenchement de ce conflit meurtrier qui a ravagé Gaza et fait plus de 50 mille morts palestiniens, l’Europe sort quelque peu de son ineptie et sa léthargie, du moins en apparence. Face à ce désastre sans nul autre pareil depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qui prend les allures d’un véritable séisme dont l’onde de choc s’est répercutée aux quatre coins de la planète, les pays européens ont décidé, par acquit de cons-cience, de réagir enfin. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a marqué en effet les esprits en annon-çant officiellement, mardi 20 mai dernier, le réexamen de l’accord d’association avec Israël, dans l’espoir d’inciter les dirigeants sionistes à revenir à de meilleures intentions et mettre un terme à la guerre. Cause toujours Maxo, tu intéresses Bibi l’atone qui ne prête une oreille attentive qu’aux appels aux meurtres des Palestiniens et aux sons des canons. Israël a illico déclaré, en effet, par la voix de son ministre des Affaires étrangères qu’il rejetait la décision de l’Union européenne, soutenue pourtant par l’écrasante majorité des pays membres.
Comme il fallait s’y attendre donc, l’ultimatum européen a fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Non sans raison d’ailleurs, car Netanyahu et les sbires extrémistes de son gouvernement n’en ont cure de ces «gesticulations» vaines et stériles qui manquent de punch et dont l’impact est aussi inoffensif que la piqûre d’un vulgaire mous-tique sur le dos d’un pachyderme. Plus exactement, il en faut beaucoup plus que de simples paroles en l’air pour contraindre les dirigeants sionistes à faire cesser leur holocauste contre les Palestiniens. Comme l’a si bien déclaré Marc Botenga dans son dernier discours au Parlement européen qui a fait sensation, il faut des actes concrets, sans ambages ni fioritures. C’est un fait, l’Europe a les moyens politiques, économiques et médiatiques de faire cesser cette sordide guerre. Mais encore faut-il que ses dirigeants aient réellement la volonté de s’y mettre pour réaliser cet objectif, ce qui ne semble pas être malheureusement le cas actuellement, et ce, malgré les déclarations de bonnes intentions des uns et des autres. En tout état de cause, le Vieux continent serait bien inspiré de se rattraper pour réparer une erreur historique dont il a été l’un des principaux instigateurs et qui a causé l’une des plus grandes in-justices de l’histoire. Seuls les actes concrets dans le bon sens permettent au fautif de faire amende honorable et d’expier un péché qui a généré tant de souffrances, de heurts et de malheurs…

C.B.

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