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Editorial : Mieux vaut tard que jamais, mais…

Par Chokri BACCOUCHE

Gaza se meurt sous les bombes israéliennes mais également de faim. Le blocus inhumain imposé à l’enclave palestinienne sinistrée par le gouvernement extrémiste de Netanyahu tue à petit feu les Gazaouis et plus particulièrement les enfants. La malnutrition frappe des milliers de titis qui sont privés des besoins élémentaires en nourriture et beaucoup d’entre eux succombent sans savoir pour quelle raison. Honte à l’humanité, honte au monde dit libre et civilisé pour ne pas avoir porté assistance à des personnes en danger de mort comme l’exigent et le soulignent avec force toutes les lois et le droit planétaire. N’exagérons rien, les plus émus par cette épuration ethnique israélienne en règle se contentent de publier un communiqué laconique, juste pour sauver la face par acquis de conscience mais sans plus. Le Conseil de l’Europe est la dernière instance en date qui a décidé de briser – à la bonne heure — l’omerta.

 Il a déclaré vendredi que Gaza souffrait d’une «famine délibérée» et a averti qu’Israël semait   «les graines du prochain Hamas» dans le territoire. «L’heure d’un bilan moral sur le traitement des Palestiniens a sonné – et elle aurait dû avoir lieu depuis longtemps», a déclaré Dora Bakoyannis, rapporteur pour le Moyen-Orient à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. L’heure du bilan a sonné ? Cela s’appelle, excusez le terme, un sacré retard dans l’allumage. Après plus de seize mois de guerre impitoyable et atroce qui a fait voir au monde toutes les couleurs de l’horreur indicible, l’Europe des valeurs communément admises par tous les pays, berceau de la Déclaration universelle des droits de l’homme, se réveille enfin de sa léthargie et son ineptie. Pour la gouverne des gentils membres du conseil de l’Europe, le bilan de cette sordide et effroyable guerre est particulièrement lourd. Il aurait dû en principe éveiller les consciences européennes beaucoup plus tôt. Par devoir moral et historique. Et surtout, surtout par acquit de conscience bien réel et non point circonstanciel ou de façade.

Les Palestiniens de Gaza meurent par dizaines chaque jour que Dieu fait. Quand ils ne sont pas déchiquetés par les bombes larguées par les «intrépides» pilotes des avions de chasse israéliens, c’est la faim qui se charge d’abréger leur triste existence. Le blocus sur les aides alimentaires décidé par les ouailles extrémistes qui crèchent du côté de Tel-Aviv est utilisé comme arme de guerre pour décimer délibérément tout un peuple, livré à son triste sort par la communauté internationale qui assiste en spectatrice passive à cette extermination délibérée. Faute et lieu de se contenter de dénoncer, le Conseil de l’Europe aurait été bien inspiré de prendre des décisions plus réactives et efficientes à la hauteur des attentes visant à faire pression sur les sicaires du gouvernement sioniste pour faire cesser ce carnage. Faute et lieu de se contenter de critiquer ou de lancer des paroles qui ne risquent pas d’ailleurs d’intimider les gouvernants sionistes, il aurait été plus constructif de décréter un embargo européen sur les armes à destination d’Israël et envisager des sanctions économiques.

Divisé sur le conflit israélo-palestinien pour des raisons qui n’échappent d’ailleurs à personne, le vieux continent adopte une position du clair-obscur. Si certains pays européens comme l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie ont dénoncé avec force le génocide sioniste dans les territoires occupés en décidant de reconnaître officiellement l’Etat palestinien et c’est tout à leur honneur, d’autres en revanche continuent malheureusement à se dérober à leur obligation morale. Les uns pour se dédouaner de leurs méfaits historiques et les autres par simple calcul géopolitique mesquin.

Dans cette histoire, il est d’autres pays bien évidemment à plaindre. Les pays arabes en l’occurrence qui se sont distingués par leur insoutenable lâcheté voire leur trahison envers la cause palestinienne. Les monarchies du Golfe qui ont inondé leur hôte américain de plusieurs centaines de milliards de dollars, lors de sa récente tournée dans la région, auraient pu au moins marchander leur «générosité débordante» pour obtenir un gain politique en faveur des desperados palestiniens. Comble du paradoxe, un émirat a offert un palace flottant dernier cri et ultra-luxueux au locataire de la Maison Blanche, mais a été incapable jusque-là d’introduire à Gaza ne serait-ce qu’un morceau de pain pour nourrir un bambin palestinien affamé. En scellant des accords portant sur un montant mirobolant de 1200 milliards de dollars lors de son récent périple moyen-oriental, Donald Trump a vraisemblablement amené avec lui dans les soutes d’Air Force One, l’avion présidentiel, une grosse tondeuse à gazon ou plutôt une moissonneuse batteuse John Deer, la marque fétiche de l’industrie agricole U.S. Il a en tout cas rasé de près ses alliés du Golfe. En contrepartie de prunes malheureusement, si ce n’est l’achat par ces pays d’une overdose de nouvelles armes qui vont certainement moisir dans les arsenaux, en attendant la prochaine tonte, initialement prévue au début du printemps, peu de temps avant l’agnelage…

C.B.

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