Douze petits jours restent à compter dans le calendrier de 2024 avant que ne résonnent les douze coups de minuit, le 31 décembre, l’heure de s’embrasser et de se souhaiter, comme le veut la coutume, joie et prospérité. Mais avant les festivités, décembre est, avant tout, le mois des bilans et des résolutions. Epuisés par des épreuves plus dures les unes que les autres s’enchaînent sans relâche depuis plus d’une décennie, les Tunisiens s’accrochent à leur espoir. Certes, bon nombre d’entre eux sont terrible-ment pessimistes, mais ils n’ont pas le choix, il faut tenir bon. Comme le suggère Winston Churchill dans une phrase qui lui est attribuée, «le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme». Il faut continuer à y croire parce que tôt ou tard l’heure du décollage sonnera.
La bataille est encore longue et épuisante sur un chemin parsemé d’embûches au bout duquel la lumière éclatera comme l’aurore. Douze petits jours seront à peine suffisants pour prendre des résolutions. Non pas des résolutions individuelles mais des décisions et des engagements collectifs à même de faire sortir le pays de l’impasse. Un grand défi qui exige beaucoup de persévérance et une capacité à gérer les chocs futurs qui vont, sans doute, s’enchaîner et s’intensifier. Une lutte qui sera malheureusement vouée à l’échec sans l’engagement de chacun avec ses propres moyens à batailler pour le même objectif de l’émancipation et du progrès.
L’on peut, en effet, prédire d’emblée et sans risque de se tromper que 2025 sera une autre année d’austérité. Les bilans de 2024 offrent toutefois à la Tunisie une occasion unique d’ajuster ses politiques pour un avenir plus stable et inclusif. Les indicateurs économiques montrent des signes d’instabilité, mais aussi de résilience au cours de l’année qui s’achève. Les attentes sociales restent grandes malgré les efforts consentis pour réduire les inégalités. Il y a toujours urgence de mettre en œuvre les réformes qui consolident la cohésion sociale. La croissance demeure en deçà des ambitions et les principaux moteurs de la relance restent grippés. La monnaie peine à sortir de la spirale de dépréciation alimentant l’inflation, érodant dans la foulée le pouvoir d’achat des citoyens. Le chômage, qui se maintient obstinément à des niveaux particulièrement élevés, fait assombrir les perspectives d’une lutte efficace contre la précarité, notamment au sein de la population jeune. Cela ne fera qu’intensifier la fuite des cerveaux, ce fléau qui ronge le potentiel du pays, privant la Tunisie de sa force de travail qualifiée. La mise en œuvre d’une véritable politique de redistribution des richesses, combinée à des réformes du secteur éducatif et à un meilleur accès à l’emploi pour les jeunes, devrait constituer la priorité des autorités pour 2025.
Les bilans mi-fugue mi-raisin de 2024 doivent constituer le socle des objectifs réalistes et ambitieux de 2025. Sur le plan économique, la diversification des sources de financement et l’amélioration du climat d’investissement doivent être au cœur des priorités. En parallèle, les réformes fiscales et la lutte contre la corruption aideront à redorer le blason de la Tunisie et permettront de restaurer la confiance des citoyens et des investisseurs.
Les résultats de 2024 mettent en lumière la nécessité de poursuivre ces réformes tout en consolidant la stabilité macroéconomique. Le gouvernement devra redoubler ses efforts pour diversifier l’économie en misant sur de nouveaux choix plus adaptés aux mutations technologiques qui bouleversent le monde. La révision de la politique monétaire et la réforme des subventions, ainsi qu’un contrôle rigoureux des dépenses publiques devraient rester les grandes priorités pour 2025.
H. G.