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Prochaine grève chez les banquiers : Les paradoxes d’un secteur « immunisé » contre les crises

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

La grève des banques, prévue les 3 et le 4 novembre prochain, interpelle l'opinion publique concernant les causes de ce mouvement. Pourquoi le secteur bancaire, considéré pourtant comme l’un des secteurs les plus solides, est mal vu en Tunisie ?

La grève annoncée pour les 3 et 4 novembre prochain dans le secteur bancaire fait d'ores et déjà débat, notamment auprès de l'opinion publique qui s'interroge sur les motifs de ce mouvement social, d’autant que, contrairement a l'idée reçue, les employés des banques sont parmi les fonctionnaires les mieux payés et jouissent de plusieurs privilèges qu'on n'accorde pas dans d'autres secteurs. Pourtant, selon Ahmed Jaziri, secrétaire général de la Fédération générale des banques, des institutions financières et des assurances relevant de l’UGTT: «Les employés du secteur bancaire font  partie de la classe moyenne tunisienne et se sentent aujourd’hui marginalisés".

Comment, de fait, expliquer ce paradoxe ?

En se basant sur une enquête de l’Institut National de la Statistique (INS) portant sur l’emploi et les salaires au sein des entreprises en 2022, les données rapportées par l’agence TAP démontrent une grande disparité des salaires de base dans divers secteurs en Tunisie. Les travailleurs du secteur financier et des assurances se distinguent par les rémunérations les plus élevées.

En moyenne, les cadres de ces domaines perçoivent un salaire de base de 3 258 dinars, équivalant à 708 % du salaire minimum légal de 460 dinars (SMIG). De même, les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers de ces secteurs bénéficient de rémunérations notables, représentant respectivement 501 % (2 304 dinars), 404 % (1 857 dinars) et 242 % (1 112 dinars) du salaire minimum. Qu'en est-il par ailleurs des états financiers des banques tunisiennes?

Un secteur toujours excédentaire ...

Il est presque impossible de tomber sur une banque tunisienne déficitaire. Même pendant la pandémie du Covid-19, les banques ont en effet continué à dégager des bénéfices.  Interrogé à cet effet, l'expert en économie et finances, Mohamed Salah Jennadi, nous apprend que : " Selon les états financiers récemment publiés sur le portail de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), les banques publiques, que l'on pensait en difficulté, ont enregistré, en 2024, des résultats bénéficiaires notables, malgré un contexte économique peu favorable. Idem pour les banques privées.

En tête du classement, la BIAT (Banque Internationale arabe de Tunisie) confirme sa position dominante avec un résultat net de 357,8 millions de dinars, enregistrant une progression de 8 % par rapport à l’année précédente. Cette performance consolide le statut de la BIAT comme locomotive du secteur bancaire tunisien.

Derrière la BIAT, Attijari Bank et Amen Bank se distinguent également par leur solidité. Attijari Bank affiche un résultat net de 232,388 millions de dinars (+9,6 %), tandis qu’Amen Bank réalise une croissance impressionnante de 18 % pour atteindre 230 millions de dinars". Et d'ajouter : "Cette tendance a été confirmée en 2026 . En effet, le Produit Net Bancaire a atteint à la fin du 2è trimestre 2025 un montant de 261.150 mille dinars, contre 259.038 mille dinars à la fin du 2è trimestre 2024, soit une progression de +0,82% (+2 112 mille dinars)".

Selon l'activiste Rached Mathlouthi:  «Si les banques continuent à réaliser des bénéfices énormes, c'est au détriment des clients, notamment les petits, en leur imposant des taux d'intérêt excessifs et des tarifs exagérés sur les services".

M.B.S.M.

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