De l’année 2024 qui tire déjà à sa fin, les Tunisiens se retiendront que c’était un énième épisode d’une longue et pénible épreuve de survie. Ils auraient certainement tous su digérer, au fil des semaines et des mois, la déception de ne pas voir une bonne partie de leurs vœux exhausés. Les chiffres peuvent d’ailleurs l’attester, car, en termes de pouvoir d’achat, -la chose qui compte le plus pour des millions de Tunisiens - 2024 n’a pas été clémente, comme l’avaient prédit certains prévisionnistes trop optimistes. Durant les douze derniers longs mois, l’inflation n’a presque pas bougé d’un iota, se maintenant obstinément à des taux excessifs et ingérables pour les ménages. Quels que soient les efforts qui seront consentis en 2025 et au cours des années à venir par les pouvoirs publics dans le but d’alléger les pressions inflationnistes, il semble que les dommages seront irrémédiables. En fait, il y a aujourd’hui un facteur totalement incontrôlable qui entre en jeu et qui tend à avoir des conséquences particulièrement préjudiciables pour la qualité de vie des Tunisiens et leur accès aux besoins essentiels. Il s’agit du réchauffement climatique qui est en train de réduire les marges de manœuvre de l’Etat sur le plan de la gestion des priorités économiques et sociales. Selon les experts, le réchauffement climatique serait, en effet, l’origine d’un point d’inflation supplémentaire. Il est, ici, question d’un concept nouveau qui devrait bientôt devenir classique au fur et à mesure de la surchauffe de la planète, en l’occurrence « l’inflation climatique ». Dans une étude consacrée à cette même problématique qu’il a publiée au mois de juin dernier, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) émet des prévisions encore plus alarmantes en tablant sur une hausse d’environ 1,4% de l’inflation au cours de 2025 qui sera directement associée à la hausse des températures. Freiner la montée du mercure sur la surface du globe ne peut néanmoins jamais être effectué à une petite échelle territoriale limitée par les frontières d’un pays. C’est-à-dire, qu’on le veuille ou pas, tant qu’il n’y a pas un engagement commun de tous les pays pour éviter les pires conséquences des changements climatiques et préserver une planète vivable, nous allons subir, nous les Tunisiens, lourdement la facture de l’inflation climatique. Chaque point d’inflation supplémentaire engendré par le réchauffement climatique entraîné une hausse immédiate des taux d’intérêt qui se répercute sur le coût de production et donc accentue le renchérissement des denrées essentielles. L’IACE n’a pas omis d’appeler les autorités à prendre les mesures nécessaires pour juguler l’inflation climatique. Entre autres actions pouvant être entreprises, l’on suggère par exemple la flexibilité des horaires du travail dans les métiers les plus exposés à la canicule ainsi que la réadaptation des chaînes de production et d’approvisionnement alimentaires aux enjeux posés par le réchauffement du climat. Ce n’est toutefois pas avec de telles actions que les Tunisiens pourront être à l’abri d’une flambée d’inflation qui sera, sans aucun doute, s’accentuer encore plus dans le futur par le facteur climatique. C’est en tout cas ce que l’on peut dégager des toutes dernières prévisions des climatologues qui dressent un tableau sombre avec déjà un constat alarmant et sans appel : l’année 2024 sera la première année où la Terre franchira le seuil des 1,5°C de réchauffement global par rapport à la température moyenne sur une base historique de l’ère préindustrielle, entre 1850 et 1900. Les Etats signataires de l’accord de Paris 2015 se sont pourtant engagés à ne pas le dépasser. Aujourd’hui, les chances de tenir cet objectif paraissaient en effet quasi-nulles pour les climatologues qui croient que chaque dixième de degré ne fait qu’augmenter les risques d’emballement climatique et la survenue de catastrophes toujours plus intenses. Voir les Etats accélérer le rythme du réchauffement en polluant de plus en plus l’atmosphère avec leurs émissions de CO2 pousse le monde entier à s’aventurer vers des conséquences dramatiques. La Tunisie, citée comme étant l’un des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique dans la Méditerranée, doit prier pour que cesse cet effondrement climatique non sans tenter de renforcer, un tant soit peu, sa résilience face aux futurs chocs…
H.G.