Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Alors que les météorologues prévoient cet été des hausses records des températures, les incendies demeurent le principal cauchemar pour les autorités. Que faire pour épargner nos forêts du feu?
A l’approche de l’été, les campagnes se multiplient pour sensibiliser le grand public contre les risques des incendies. En témoignent les derniers communiqués diffusés par la Direction générale de la Protection civile appelant les citoyens à «la vigilance et à la responsabilité environnementale, notamment face au danger de départs de feu liés à des comportements imprudents». La Protection civile indique également qu’«avec le dessèchement des herbes et la montée des températures, le risque d’embrasement rapide devient plus élevé, en particulier dans les zones rurales et boisées». En rappelant, en outre, «la nécessité de protéger les forêts, les terres agricoles et la richesse végétale du pays», la Protection civile insiste également sur «l’importance de corriger certains gestes à risque, souvent à l’origine des incendies».
Représentant aussi l’un des gouvernorats les plus exposés aux incendie, compte de la superficie de ses forêts, le gouvernorat de Ben Arous a décrété l’interdiction de toute activité de camping dans les forêts relevant de la région, ainsi que l’allumage de feux à l’intérieur ou à moins de 500 mètres de ces zones et des terrains agricoles. Cette mesure vise à prévenir les risques d’incendies durant la saison estivale. Dans un communiqué publié le mercredi 7 mai, le gouvernorat précise que cette décision entre en vigueur à compter du 1er mai et restera applicable jusqu’au 31 octobre 2025. Les autorités appellent les citoyens à faire preuve de vigilance et à respecter scrupuleusement ces consignes afin de préserver les espaces forestiers et les cultures avoisinantes. Qu’en est-il, alors, de la Direction générale des forêts ?
Drones et radars …
Dans une interview accordée à la Radio nationale, l’ingénieur général à la direction générale des forêts et des pâturages, Zouheir Ben Salem, a appelé à une réforme législative concernant l’utilisation des drones et des radars pour lutter contre les incendies. Ben Salem a, en outre, indiqué qu’un nouveau dispositif doit être mis en place pour mieux prévenir et lutter contre les incendies, «les drones et les radars doivent être au cœur de ce dispositif», a-t-il martelé. Et d’ajouter : «Les résultats positifs obtenus ces dernières années qui ont vu le nombre des incendies baisser entre 2022 et 2024, passant de 729, encouragent à moderniser notre logistique en s’appuyant sur les nouvelles technologies et les campagnes de sensibilisation». A noter que 9 feux de forêt sur 10 sont d’origine humaine, dont la moitié du fait d’une imprudence. Un mégot de cigarette jeté, un barbecue organisé à proximité de la végétation, des combustibles stockés trop près d’une habitation… De nombreux gestes, anodins en apparence, peuvent, alors, provoquer un départ de feu de végétation. Lorsque la végétation est asséchée par un manque de pluie, un départ de feu devient possible et il peut se propager rapidement, «les citoyens peuvent contribuer à la prévention des feux de forêt et de végétation en adoptant des gestes de vigilance», nous rappelle l’ingénieur général à la direction générale des forêts et des pâturages, Zouheir Ben Salem. A rappeler que 43 % des incendies survenus en 2024 ont affecté des surfaces inférieures à un hectare. On note également qu’entre 2016 et 2023, la Tunisie a perdu environ 56 000 hectares de forêts, dont 22 000 ont été régénérés naturellement. Cependant, 16 000 hectares nécessitent encore des interventions humaines pour assurer leur régénération.
M.B.S.M.