Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La violence scolaire a atteint un niveau tel que les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et appellent à se pencher sur la question avant que le milieu scolaire ne constitue un danger public. Que proposent les experts pour assainir nos établissements scolaires de la violence ?
Selon les statistiques des syndicats de l’enseignement de base et du secondaire, 978 incidents portant sur des actes de violence ont été enregistrés dans les différents établissements scolaires et ce depuis le début de l’année scolaire. Des chiffres qui en disent long sur la prolifération du fléau de violence dans le milieu scolaire. Le dernier incident a été révélé lundi dernier par la direction générale de la sûreté nationale qui, selon le site Business news, a annoncé l’arrestation de l’auteur de l’incendie qui a touché un lycée à Menzel Bouzelfa, dans le gouvernorat de Nabeul. Le feu avait touché deux salles de classe, un laboratoire, la porte de l’administration et une fenêtre de la salle des professeurs. L’enquête a permis d’identifier le responsable : il s’agit d’un élève inscrit dans le même établissement. Les agents de l’unité relevant de la direction de la police judiciaire d’El Gorjani, appuyés par des cadres sécuritaires de la région, ont procédé à son arrestation. Du matériel ayant servi à déclencher l’incendie a été saisi, ainsi qu’une vidéo retrouvée sur son téléphone, dans laquelle il documente les faits. Interrogé, l’élève a reconnu avoir volontairement mis le feu au lycée. Il a expliqué son geste par un différend avec le directeur de l’établissement, qui aurait refusé d’écouter sa plainte à la suite d’une altercation avec un camarade. Au milieu de la semaine dernière, une élève s’est suicidée après avoir été victime d’une campagne de dénigrement et d’intimidation de la part de ses camarades de classe dans un lycée relevant de la délégation de Thala. Quelles sont, par ailleurs, les causes de ce fléau et que proposent les experts pour assainir nos établissements scolaires de la violence ?
Alarmant …
Pendant que les syndicats accusent les autorités d’un manque de volonté réelle pour lutter contre le fléau, le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Mohamed Essafi, qualifie la situation dans les écoles tunisiennes de «catastrophique» en raison de l’augmentation de la violence scolaire. Selon lui : «Les chiffres confirment la gravité de la situation, avec 23 800 cas de violence enregistrés durant l’année scolaire 2022-2023». Selon le dirigeant syndical : « Plusieurs facteurs expliquent cette violence, notamment des problèmes familiaux liés à l’augmentation des divorces, des problèmes psychologiques, ainsi que des facteurs économiques et sociaux comme la pauvreté et la prolifération de la criminalité autour des établissements scolaires, en particulier le trafic de drogue».
De fait, tout en tirant la sonnette d’alarme, les spécialistes appellent à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à ce fléau. A cet égard, le spécialiste en pédagogie, Fethi Essidiri estime qu’ «il est important de signaler que la violence scolaire est un problème mondial. Cependant, des remèdes standards ne seront pas efficaces dans la mesure où le degré de violence varie d’un pays à un autre et d’une région à une autre au sein de chaque pays. Dans tous les cas, la prise des mesures préventives sérieuses pour regeler la situation est de plus en plus urgente. Parallèlement à la prolifération de ce phénomène, une loi est censée naître dans le but de donner à l’affaire un statut juridique, c’est-à-dire créer une loi indépendante qui traite les cas de violence à l’école. Même si on ne peut pas infliger aux élèves auteurs d’agressions des peines de prison lorsqu’il s’agit de mineurs, des amendes peuvent être infligées aux parents des élèves qui commettent des actes violents. Les sommes à payer varient selon la gravité des cas. Dans le pire des cas, des peines de prison peuvent être aussi imposées aux parents. Ces mesures, bien que dures, peuvent donner de bons résultats car les parents dans ce cas vont être obligés de s’intéresser à leurs enfants pour les protéger et pour se protéger. L’attention sera double».
M.B.S.M.