Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La «Désinformation à l’ère de l’IA» a fait l’objet jeudi dernier d’une conférence-débat organisée par l’UPF en partenariat avec l’OIF. Que faire justement pour faire face à ce fléau qui nuit à tous les aspects de la vie?
Lorsqu’on parle de fake news et de désinformation, ce ne sont pas les exemples qui manquent en Tunisie comme un peu partout dans le monde. Même le président Kaïs Saïed n’a pas échappé à ces campagnes dé désinformation avec cette vidéo truquée dans la quelle il est soi-disant question «d’encensement de Sunnite et de Chiite».
Et on cite, à titre d’exemple, cette vidéo montée de toute pièce par un malveillant, qui, par vengeance, a nui à la réputation de son ex-femme en la montrant dans des situations obscènes. En politique, les exemples ne manquent pas également. A l’aide de l’IA, des appels téléphoniques truqués envahissent tous les jours la Toile en imitant la voix d’adversaires politiques dans des conversations douteuses. Que disent, de fait, les spécialistes de ce fléau?
Par le biais d’un document de présentation de cette conférence-débat organisée par l’Union de la presse francophone (UPF) en partenariat avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et animée par des spécialises en communication et en intelligence artificielle et des juristes, on apprend, justement que: «L’intelligence artificielle (IA) bouleverse notre rapport à l’information. Si elle promet des avancées majeures, elle s’impose aussi comme un acteur central de la désinformation, posant des défis inédits à nos sociétés». Les conférenciers avaient, ainsi, à soulever plusieurs questions dont notamment: comment l’IA générative modifie-t-elle notre perception de la vérité? Quels outils existent pour détecter les contenus falsifiés par IA? Quelles stratégies peut-on adopter pour lutter contre la désinformation IA? L’IA peut-elle être un remède à la désinformation qu’elle contribue à propager? Comment sensibiliser efficacement le grand public aux risques de l’IA?
Selon, par ailleurs, l’ex-président de l’Association tunisienne pour l’Intelligence artificielle (ATIA) et CEO SCET Tunisie, Imed Hanana: «L’IA pourrait être un catalyseur de la désinformation, à travers la production massive de contenus trompeurs. Les IA génératives permettent de créer textes, images, vidéos et sons indiscernables du réel, facilitant la diffusion de fausse information (fakenews) et de deepfakes à grande échelle». Que faire justement pour faire face à ce fléau qui nuit à tous les aspects de la vie?
Sensibilisation…
Si l’utilisation de l’IA pose plusieurs enjeux éthiques et sociétaux, à savoir la manipulation de l’opinion publique, pour les spécialistes, la sensibilisation du grand public se présente comme un outil idéal pour lutter contre ce fléau.
A cet effet, l’ingénieur en informatique, Fakher Karouida, nous a indiqué: «Comme le souligne une étude réalisée par l’Académie des technologies, les pathologies de l’information, notamment les fake news ou désinformation, sont des manifestations anciennes, qui n’ont pas attendu l’essor des technologies numériques de l’IA pour polluer l’espace informationnel. Toutefois, le progrès technique a considérablement amplifié ces phénomènes, de telle façon que le «virus infox» se répand aujourd’hui sur Internet d’autant plus facilement que les faux messages sont plus attractifs que les vrais et que l’objectif économique des grandes plateformes numériques est de maximiser les revenus publicitaires en ligne en accaparant l’attention des internautes. A l’IA générative falsificatrice répond fort alors et heureusement une IA curatrice, fournissant de nombreux outils précieux pour la lutte contre la désinformation, qu’il s’agisse de débusquer des faux comptes coordonnés sur les réseaux sociaux, de détecter des contenus artificiels sur tous types de supports – photos, vidéos, sons, textes –, ou encore de prêter assistance aux professionnels de l’information, journalistes et fact checkers. Le développement de ces outils fait l’objet de plusieurs programmes. Si les progrès effectués sont significatifs, l’entraînement des modèles de détection est néanmoins fâcheusement ralenti par l’insuffisance du financement et le manque de bases de données adaptées. C’est, ainsi, que la sensibilisation du grand public par des campagnes qui doivent cibler et viser particulièrement les jeunes et moins jeunes que la lutte contre ce fléau doit commencer».
M.B.S.M.