Par Myriam BEN SALEM-Missaoui
En appelant à relancer le recrutement dans la fonction publique, le président de la République a exprimé aussi sa volonté de continuer la purge dans ce secteur. Où en sommes-nous dans l’assainissement du secteur des intrus et que faire pour rendre à notre administration son efficacité ?
Lors d’une rencontre tenue lundi dernier au palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, le président Kaïs Saïed a abordé plusieurs axes majeurs liés à la gestion des services publics. Cette réunion a permis de faire le point sur l’état de fonctionnement de divers établissements étatiques, dans un contexte de crise institutionnelle et de pressions sociales croissantes. Le président a insisté, selon un communiqué relayé par le site Webdo, sur la nécessité d’«assainir» l’administration, pointant du doigt ceux qu’il considère comme ayant accaparé des postes dans le secteur public sans légitimité, et qui perçoivent la responsabilité comme une source de privilèges plutôt qu’un devoir.
Ce discours s’inscrit dans la continuité d’une rhétorique présidentielle centrée sur la moralisation de la vie publique. Dans le prolongement de cette démarche, Kaïs Saïed a appelé à rouvrir les portes de l’emploi dans la fonction publique, une revendication récurrente des jeunes diplômés chômeurs. Ce signal pourrait annoncer un changement de cap, après des années de gel des recrutements imposé par les contraintes budgétaires et les engagements internationaux. Où nous en sommes dans l’assainissement de la fonction publique des intrus et que faire pour rendre à notre administration son efficacité?
Retard et flou...
Interrogé à ce sujet, l’universitaire Salem Chérif nous a confié : « Malheureusement, il faut que le chef de l’Etat intervienne en personne pour faire avancer ce genre de dossier, or il relève de la compétence des autres instances gouvernementales d’appliquer la loi.
En effet, depuis 2023, une loi existe. Il fallait alors l’appliquer. Il s’agit du décret n°591 de l’année 2023, daté du 21 septembre 2023, relatif à la réalisation d’un audit global sur les recrutements dans les institutions et les entreprises publiques, ainsi que toutes les autres structures publiques, ayant eu lieu entre le 14 janvier 2011 et le 25 juillet 2021. Ce décret a été publié jeudi 21 septembre dans Journal Officiel de la République tunisienne (JORT). Rappelons que le président de la République, Kais Saïed, avait appelé, le 5 mai 2023, lors de sa réunion avec l’ancienne Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, les ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères à assainir l’administration publique des intrus qui bloquent son fonctionnement ordinaire.
«Les ministères, les établissements publics et les autres administrations ne peuvent pas travailler, alors qu’il y a des éléments qui agissent pour le compte de parties qui ne veulent pas servir l’intérêt public», avait-il indiqué. Récemment, le chef de l’Etat a, également, souligné la nécessité de préparer un projet de décret relatif à la purge de l’administration de ceux «qui s’y sont illégalement infiltrés, il y a plus d’une décennie, et qui se sont transformés en obstacle qui entrave le bon fonctionnement de l’Etat». Il a, également, appelé à l’assainissement de l’administration des personnes devenues un obstacle pour l’exécution de tout projet économique ou social. Il est donc plus qu’impératif d’assainir l’administration des «intrus » et opérer une ‘’purge’’ de l’administration qui devienne une priorité politique, spéciale et économique ». A noter que depuis 2023, 543 affaires portant sur des recrutements et des diplômes falsifiés ont été examinées par la justice. On ingore toutefois le nombre exact des impliqués dans ces affaires.
M.B.S.M.