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Ils réclament un lifting du métier : Les odontologues ne veulent plus mâcher leurs «maux» …

Par Hassan GHEDIRI

L’ambiance n’est décidément pas au beau fixe dans les rangs des médecins dentistes. L’humeur est plutôt au mécontentement et à la contestation…

Dans le secteur de la médecine dentaire, beaucoup de praticiens sont en désaccord profond avec l’autorité de tutelle autour des questions qui touchent des aspects fondamentaux de la profession. La tension a été presque palpable dans un communiqué diffusé par la plus haute autorité de régulation du métier de médecine dentaire en Tunisie. Le Conseil national de l’ordre des médecins dentistes de Tunisie (CNOMDT) a en effet décidé de geler la participation de ses représentants dans toutes les commissions ou travaux liés à la médecine dentaire au sein du ministère de la Santé, jusqu’à nouvel ordre. Une décision justifiable selon beaucoup de médecins dentistes en conclave, hier et aujourd’hui, à la faculté de médecine dentaire de Monastir à l’occasion de la 32è édition des «Entretiens odontologiques». Dans son communiqué diffusé le 22 avril dernier, le CNOMDT a tenu à rappeler à qui veut bien l’entendre qu’il demeure la «seule instance légale habilitée à organiser et superviser la profession de médecine dentaire». Un appel à l’ordre qu’il émet après la réunion tenue au siège du ministère de la Santé et qui a été consacrée «au développement du secteur de la médecine dentaire, en présence du doyen de la faculté de Monastir et d’un nombre de médecins et de spécialistes, selon le communiqué du ministère. Le conseil a vu dans cette réunion une «tentative de réforme» menée sans son approbation, considérant qu’elle constitue une «menace grave pour la profession et une violation de ses prorogatives». 

Débattre des problèmes de la profession avec le doyen, c’est ce qui a provoqué le mécontentement du conseil de l’ordre et enflammé les discussions dans les groupes de médecins dentistes sur les réseaux sociaux. Etant pourtant dédiée au «suivi des programmes scientifiques et à la célébration du 50è anniversaire de la faculté, comme il est mentionné dans le communiqué du ministère, celle réunion avait débouché sur des décisions qui nécessitent normalement la concertation avec le conseil d’ordre, notamment celles portant sur la spécialisation dans le secteur de la médecine dentaire en Tunisie. 

La spécialisation ? Oui, mais !

Le CNOMDT dit rejeter catégoriquement toute tentative d’instaurer de nouvelles spécialisations en médecine dentaire sans étude préalable et sérieuse et sans évaluation des besoins réels du secteur. Dans le même cadre, il trouve absurde le projet de création de ce que devait être une «commission nationale pour la promotion de la santé bucco-dentaire en Tunisie» alors qu’il existe bel et un bien département dédié à cet effet au sein du ministère de la Santé et qui ne demande que d’être réactivé. 

Il semble, toutefois, que c’est autour de la question de la spécialisation odontologique qu’il y a une grande mésentente et beaucoup de zones d’ombre à éclaircir. Si dans son communiqué, le CNOMDT insiste sur « e rôle exclusivement académique» de la faculté de Monastir, estimant que cette institution, la seule dans le pays qui dispense une formation en médecine dentaire, doit s’acquitter de sa principale mission de formation des étudiants, son cursus soulève beaucoup d’interrogations. D’aucuns dénoncent, en effet, les ambiguïtés qui entourent aujourd’hui la formation de certaines spécialités très demandées et qui ont complètement bouleversé l’odontologie dans le monde. Cela concerne, essentiellement, l’implantologie qui évolue à un rythme très accéléré nécessitant des connaissances de plus en plus pointues et des matériaux et de matériels très évolués. Rendue inaccessible à tous les étudiants de la Faculté de médecine dentaire de Monastir, cette formation en implantologie tend à se transformer en un business très juteux puisqu’elle est aujourd’hui une discipline que l’on dispense dans le cadre des cycles de formation payante. Sur les réseaux sociaux, les médecins dentistes anciens et nouvellement diplômés de la fac sans une parfaite maitrise de toutes les techniques thérapeutiques implantaires se voient bombardés par les publicités de formation d’implantologie. Ce genre de formation est dispensé au sein même de la faculté de la médecine dentaire de Monastir dans le cadre des certificats d’études complémentaires (CEC). Sur le site web de la faculté est exposée une liste de 14 sessions de formation dont un grand nombre sont dédiées à la chirurgie implantaire, mais, notez-le bien, elles sont toutes payantes. Les frais d’inscription oscillent entre 500 et 4500 dinars.   

H.G.

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