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Édito : Faux prétexte -Par Jalel HAMROUNI

Hier à l'aube, l'armée sioniste a lancé une frappe aérienne sur les environs du palais présidentiel dans la capitale syrienne, Damas. Benjamin Netanyahu a déclaré que le raid envoyait un message clair au gouvernement syrien selon lequel «Israël ne tolérerait aucune menace contre les Druzes.»

Cette frappe représente, en termes d’implications, l’une des escalades les plus significatives de l’agression sioniste en Syrie depuis le renversement du régime déchu de Bachar al-Assad le 8 décembre.

Il s’agit d’une menace implicite contre le président Ahmed al-Sharaa et de montrer qu’il n’existe aucune ligne rouge qui dissuaderait l’entité sioniste d’aller trop loin dans son agression.

Le ciblage des environs du palais présidentiel, ainsi que l'investissement de l’entité sioniste dans la situation des Druzes et sa rhétorique continue sur les minorités en Syrie et la nécessité d'un soutien international pour elles, font partie d'une approche plus large, qui cherche à tester la capacité des nouvelles autorités syriennes à agir sous la pression de l'intimidation militaire et morale qu'Israël exerce, et à tester la volonté des Syriens de supporter les coûts d'un projet d'État unifié, à un moment où Israël tente d'utiliser la «question des minorités» comme monnaie d'échange avec Damas.

Cette ingérence sioniste flagrante dans ses affaires internes représente une menace existentielle pour la Syrie en tant qu’entité, et pour le processus de transformation en son sein. En fait, le faux prétexte humanitaire avancé par Netanyahu, à savoir la protection de ses «frères» druzes syriens contre les menaces posées par les groupes armés présents dans le sud de la Syrie, masque mal une réalité plus stratégique qu’humanitaire. Il s'agit en réalité d'un prolongement du processus d'annexion rampante du plateau du Golan, territoire syrien occupé depuis 1967 et unilatéralement annexé par l’entité sioniste en 1981, annexion non reconnue par le droit international.

L'utilisation de la cause druze comme justification à une nouvelle occupation constituerait un dangereux précédent. Loin de constituer une action désintéressée de protection des droits humains, une telle manœuvre pourrait provoquer un effet domino: une réaction violente de la Syrie, une instrumentalisation par l’Iran ou la Turquie, et une escalade des tensions avec la Russie, présente militairement en Syrie. Pire encore, cela pourrait ouvrir la voie à d'autres puissances pour justifier leurs ambitions expansionnistes sous couvert d'intervention humanitaire.

Sur le plan du droit international, toute avancée militaire sioniste sur le territoire syrien constituerait une violation flagrante de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité. Le droit humanitaire prévoit certes des obligations de protection des civils, mais il ne donne aucun blanc-seing à un État pour occuper militairement le territoire d’un autre, sous couvert de protection. La communauté internationale a la responsabilité de rappeler avec fermeté ce principe fondamental.

Il est évident que l’entité sioniste n’abandonnera pas facilement ses objectifs en Syrie, même s’il est contraint de modifier sa rhétorique ou ses méthodes. Elle cherche à maintenir la Syrie dans un cycle de tension et de pression, lui permettant d’agir avec des coûts régionaux et internationaux minimes.

La sécurité des minorités dans les zones de conflit est un enjeu crucial qui mérite l’attention internationale. Mais la réponse ne peut être ni militaire ni unilatérale. Elle passe par le renforcement des mécanismes multilatéraux, la médiation diplomatique, et l’intervention des organisations internationales neutres. 

En définitive, sous prétexte de protéger les Druzes, l’intention de l’entité sioniste d’étendre son emprise sur des territoires syriens constitue une dérive d’extrême gravité. Elle trahit, pour la énième fois, les principes du droit international et menace d’alimenter un nouveau cycle de violence dans la région du Moyen-Orient. Il est de la responsabilité de la communauté internationale, et en particulier des grandes puissances, de dénoncer avec clarté cette tentative d'instrumentalisation et de promouvoir une solution fondée sur la souveraineté et la justice.

J.H.

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