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Au Centre national d’Art Vivant de Tunis-Le Belvédère : Plongée dans l’univers vivifiant d’un artiste singulier

Par Imen Abderrahmani

 

Le geste spontané, l’esprit libre de toutes les théories, Jaber Al Mahjoub, artiste singulier, a réussi à captiver l’attention, exposant dans les plus célèbres galeries du monde. Toute l’histoire ou presque est à découvrir sur les cimaises de « Dar El Founoun ».

 

Le Centre national d’Art Vivant de Tunis, « Dar El Founoun » au Belvédère, propose à partir d’aujourd’hui (à 17h00) et tout au long de ce mois une exposition-hommage au peintre et sculpteur tunisien Jaber Al Mahjoub. « Le monde pour tous » ainsi s’intitule ce nouveau rendez-vous apportant des éclairages sur un artiste non-conformiste qui a réussi à se frayer un chemin en Europe et aux Etats- unis d’Amérique, devenant l’un des emblèmes de l’art brut. Une rencontre portant sur le parcours hors-pair de cet artiste sera annoncée dans les prochains jours, accompagnant l’exposition et apportant des éclairages sur quelques phases de sa carrière internationale.

Né en 1938 à M’saken, en Tunisie, Jaber Al Mahjoub a vécu une enfance difficile après avoir perdu son père à l’âge de trois ans et sa mère à l’âge de six ans. Elevé par sa sœur Zina qui n’avait pas des moyens financiers pour l’envoyer à l’école et qui a été bergère,  Jaber décide en 1958, alors qu’il n’avait que 17 ans, de quitter la Tunisie pour Marseille où il a travaillé en tant que boulanger avant de s’installer à Paris.

« Doué de ses mains et de sa voix, il façonne des sculptures et en parallèle compose, écrit et interprète des chansons jusqu’à enregistrer deux 45 tours chez Pathé Marconi. Sa carrière artistique prit son essor dans les années 1970. Sculpteur et peintre, il travaille principalement le papier et le collage, acquérant une renommée internationale grâce à des expositions dans des galeries prestigieuses comme l’ « American Center for Art and Culture » à Paris (1977), la galerie » Alif Ba » à Casablanca (1983) et « L’Œil de Bœuf » à Paris (1986) », lit-on sur le site Artsper. « Entre deux pauses, il compose avec soin, passion et rigueur, à partir de papiers mâchés des œuvres en trois dimensions particulièrement singulières, intrigantes et saisissantes. Véritable démiurge, il transpose sa terre au charbon de bois en forme d’oiseau, de poisson ou de fleur. Son métier de boulanger lui offre ce processus qu’il applique dans le champ de l’art : il use d’abord de ses mains pour donner corps à une forme et la faire cuire ensuite la pâte à pain. Il rajoute de la couleur à ses créations artistiques et un sens esthétique aigu », ajoute la même source, décrivant le talent de cet artiste au geste à la fois méticuleux et spontané.

Dans l’au-delà…

Artiste multidisciplinaire, autodidacte, Jaber Al Mahjoub connu dans la scène artistique sous le nom de Jaber a été également boxeur, chanteur, comédien, conteur, clown, jongleur et un « homme-orchestre ». Armé de son luth à trois cordes, il ne tarde pas à jouer quelques notes, à chanter, à improviser des petites et sympathiques histoires, à proposer des sketchs crées à chaud, semant la joie dans les rues de Paris comme dans les nombreuses galeries qui ont accueilli ses expositions célébrant le « flower-power » (Le pouvoir des fleurs).

Citoyen du monde, avec des séjours au Canada, au Maroc, en Egypte, en Arabie Saoudite… sans oublier la France et San Francisco (Etats unis d’Amérique) et d’autres villes européennes où ses œuvres ont été exposées, Jaber Al Mahjoub a pu tout au long de son chemin sortir de la marge pour être l’un des emblèmes de l’art brut, faisant parler de lui et de son art. Son œuvre est à son image: joyeuse, colorée, pleine d’humour et de gaieté… avec des fleurs ici et là, des poissons, un palmier… et un beau soleil.

Son œuvre fait l’objet d’acquisitions dans de nombreux musées dédiés à l’art brut ou l’art outsider à Berlin, Chicago, Amsterdam, Lausanne et Bruxelles. Lauréat du premier prix de peinture aux États-Unis en 1971, Jaber Al Mahjoub est décédé le 21 octobre 2021 à Paris et a été inhumé dans sa ville natale.

L’exposition qui accompagne le printemps et le beau temps se veut une célébration d’une carrière exceptionnelle et un hommage à un artiste très connu à l’étranger, peu connu dans son pays.

 

I.A.

 

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