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L’inflation en perte de vitesse : Voilà pourquoi la BCT sera obligée d’abaisser ses taux

Par Hassan GHEDIRI

Au vu de la tendance baissière durable de l’inflation, le conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie n’aura pas d’excuse pour ne pas réduire ses taux d’intérêt…

C’est, en effet, ce que pensent beaucoup de spécialistes qui jugent que toutes les conditions sont désormais favorables pour enclencher un desserrement monétaire qui sera très bénéfique pour le démarrage des investissements et la consolidation du rythme de croissance. Ridha Chkoundali, universitaire et analyste économique, fait partie de ceux qui ne cessent d’appeler l’Institut d’émission à abandonner la méfiance excessive.

Aujourd’hui, il croit que la tendance à la baisse de l’inflation, observée depuis quelque temps, ne laisse aucun prétexte à la BCT pour ne pas réduire son taux directeur, maintenu au niveau de 7,5% depuis mars 2025. Ainsi le Conseil d’Administration (CA) de la Banque centrale, lors de sa prochaine réunion, «sera contraint de revoir son taux à la baisse», estime Chkoundali qui juge que cette inéluctable prochaine réduction ne doit pas être inférieure à 50 points de base. 

Pour Chkoundali, la BCT n’aura pas d’excuse pour éviter cette baisse, pour au moins une raison :  l’écart entre le taux d’inflation qui s’établit à 5% au mois de septembre, d’après l’INS, et le taux directeur, devenu « très confortable », atteignant 2,5 points. Cette inéluctable future réduction, d’après le spécialiste, sera très bénéfique pour les acteurs économiques qui hésitent jusqu’ici à investir, et pour la consommation en optimisant la capacité d’emprunt. 

Il faut noter que les membres du conseil d’administration de la BCT avaient décidé, lors de sa dernière réunion tenue le 30 juillet dernier, de maintenir le taux directeur au niveau de 7,5% et ce malgré « des prévisions laissant entrevoir une poursuite de l’orientation baissière graduelle de l’inflation » durant le deuxième semestre de l’année en cours. La haute autorité décisionnelle de l’Institut d’émission avait en effet tablé sur un taux d’inflation annuel de 5,3% contre 7% en 2024. 

La BCT, à qui l’on n’a pas cessé de reprocher sa politique monétaire d’être trop restrictive, a justifié son choix de ne pas réduire ses taux d’intérêt, par des risques haussiers pesant sur la trajectoire de l’inflation « demeurant actifs », considérant qu’il demeurait nécessaire de continuer à soutenir le processus désinflationniste en cours à même de ramener l’inflation à un taux raisonnable. 

L’augmentation du taux directeur constitue en effet l’instrument privilégié que la BCT emploie pour générer les chocs, contenir l’inflation et rationnaliser les prix. Sauf que pour bon nombre d’experts, cette politique n’’est pas la mieux adaptée au contexte tunisien, comme l’explique Ridha Chkoundali. La BCT, selon lui, considère que la cause principale de l’inflation dans notre pays est la consommation des ménages, d’où le recours à la hausse des taux d’intérêts pour renchérir le coût des crédits bancaires et, par conséquence, pousser les citoyens à réduire leur consommation.

Le problème, selon Chkoundali, c’est que la BCT tend à imposer des restrictions sur l’accès aux crédits aux détriments des entreprises et des particuliers et à faciliter, en même temps, le financement direct du Trésor public avec plus de 14 milliards de dinars débloqués sur deux ans. La vraie cause de l’inflation, toujours selon Chkoundali, réside dans divers handicaps freinant la croissance et la création de la richesse, tels que la complexité et la lenteur des procédures administratives, la fiscalité très lourde et le climat d’affaires peu propice à l’investissement. 

H.G.

 

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