Deux récits de lutte portés par deux réalisatrices tunisiennes Hind Meddeb et Sahar Echi ont été récompensés lors de la 2ème édition du Festival international du film de Bagdad qui s’est déroulée du 15 au 21 septembre.
Le film documentaire « Soudan, souviens-toi » (Soudan Ya Ghali), réalisé par Hind Meddeb, a remporté le Prix du meilleur film documentaire de cette 2ème édition.
La manifestation, organisée dans la capitale irakienne, a réuni pendant une semaine de nombreuses œuvres arabes et internationales à travers des projections, des débats et des rencontres culturelles et a rendu un hommage à Néjib Ayed, figure emblématique du cinéma tunisien.
Le documentaire d’Hind Meddeb dresse un portrait intime et engagé de la jeunesse soudanaise post-dictature, qui, par ses mots, ses poèmes et ses créations, défie la répression militaire pour faire entendre ses aspirations démocratiques.
En croisant les trajectoires de plusieurs protagonistes, la réalisatrice tisse les fragments d’une révolution avortée, depuis ses premiers élans porteurs d’espoir jusqu’à son effondrement dans la guerre, forçant nombre de Soudanais à l’exil. Une correspondance entre la cinéaste et les jeunes militants rythme ce récit sensible, à la fois politique et profondément humain.
« Bord à bord », séduit le jury
Autre moment fort pour le cinéma tunisien est la consécration de « Bord à bord » (On the edge), court- métrage réalisé par Sahar Echi, par le Prix du Jury.
Produit en 2024, le film suit Mounira, une trentenaire qui tient un petit stand de plats à emporter hérité de son père, dans une banlieue populaire au sud de Tunis. Confrontée à un environnement dominé par les hommes, Mounira incarne une génération de femmes tunisiennes résilientes, qui luttent chaque jour pour leur place dans la société. Malgré les pressions et les obstacles, elle poursuit son activité avec une détermination farouche, symbole d’une force silencieuse mais tenace.
Il est à rappeler que le festival du film de Bagdad a fait de la Tunisie, le pays invité d’honneur de cette édition. Le public irakien a pu découvrir une sélection d’œuvres tunisiennes contemporaines et classiques, ainsi que participer à des rencontres intellectuelles réunissant cinéastes tunisiens, irakiens et arabes. Des débats ouverts ont permis d’aborder les enjeux de la création cinématographique tunisienne, son évolution, ses défis et sa reconnaissance croissante sur les scènes arabe et internationale. L’universitaire tunisienne et critique de cinéma Lamia Belkaied Guiga a signé également, dans le cadre de ce focus tunisien, son livre « La caméra Témoins des générations post-révolution ».
Imen.A.

