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Festival de l’épervier d’El Haouaria : La tradition préservée et célébrée

Par Imen Abderrahmani

 

Depuis hier et jusqu’au 29 juin, la ville d’El Haouaria (Nabeul) célèbre l’art de la fauconnerie. Une tradition transmise d’une génération à une autre qui a traversé le temps devenant la fierté de la région.

 

Située à l’extrémité du Nord-est du Cap-Bon, à l’entrée du Golf de Tunis, El Houaria est renommée par ses eaux cristallines, ses plages encore vierges et surtout sa verdure. Un petit paradis pour les festivaliers et également pour les écologistes qui espèrent que cette région ne sera pas touchée par l’urbanisation massive et que les structures touristiques ne deviennent plus une source de pollution et de menace pour tout l’écosystème. D’ailleurs, son emplacement géographique et ses montagnes verdoyantes ont fait d’El Haouaria un refuge de prédilection pour de nombreux oiseaux migrateurs.

Surnommée par les Romains Aquilaria qui veut dire le « pays de l’aigle », El Haouaria est réputée par sa riche et longue tradition dans le dressage des faucons et des éperviers. Art ancestral pratiqué depuis l’antiquité, en témoignent de nombreuses mosaïques de la collection du Musée national du Bardo, la fauconnerie est pour les habitants d’El Haouaria une source de fierté. Ainsi pour préserver ce savoir-faire de l’oubli et de la marginalisation, pour encourager les jeunes à s’impliquer, un festival a été créé, en 1967, déjà plus d’un demi-siècle pour célébrer cet héritage.

La 56ème édition de ce festival qui, à ses débuts, a été nommé le « festival des chasseurs », s’inscrit dans la continuité avec les précédentes éditions, faisant de ce rendez-vous un point de rencontres de différentes générations de dresseurs de rapaces qui sont généralement de la ville d’El Haouaria ou de la ville de Hammam El Ghezaz.

Organisé par l’Association régionale des fauconniers du gouvernorat de Nabeul El Haouaria, qui joue un rôle crucial dans la préservation et la transmission de ce patrimoine immatériel,   le «Festival de l’épervier d’El Haouaria» a démarré hier. La compétition entre les différents dresseurs des rapaces constitue le point fort de cet évènement et de cette manifestation qui continue à faire de la résistance, en l’absence d’un vrai budget, permettant d’enrichir la programmation et de s’ouvrir sur d’autres horizons.

Une projection d’un film racontant cet héritage socio-culturel est à l’affiche de cette édition dont la clôture se démarque toujours par une cérémonie de remise des prix aux meilleurs fauconniers.

De père en fils

Ainsi, et comme le veut la tradition, une exposition photographique documentaire rappelant l’histoire du festival et également ces chasseurs qui ont marqué les mémoires par leur savoir-faire est au menu du festival. Au club des fauconniers, les dresseurs se donnent chaque jour rendez-vous, avec l’espoir d’être élu, par le jury, « Le meilleur fauconnier ». Titre qui vaut de l’or pour les familles à El Haouaria comme à Hammam El Ghezaz. Il y a de quoi !

Dans ces deux villes et surtout à El Haouaria, de nombreux enfants grandissent en observant au quotidien, chez eux, les adultes, surtout le père, le grand-père ou l’oncle prenait soin de son « sef » (épervier) ou de son « borni » (faucon pèlerin). Cet enfant grandit avec l’espoir de pouvoir un jour avoir son propre rapace, et rejoindre le monde des grands, allant sur les traces de leurs pères.

« Le rôle du père est central dans ce processus de transmission. Il initie ses enfants à l’art de la fauconnerie en leur transmettant les savoirs et les compétences qu’il a lui-même acquis. Dès leur jeune âge, il veille à leur inculquer l’amour du faucon, les associe aux soins de l’animal, puis les encourage à l’accompagner lors des sorties de chasse. Peu à peu, les enfants participent activement à l’observation des techniques de capture, à la pose des filets et à la préparation des postes de chasse, jusqu’à ce qu’ils atteignent la maturité nécessaire pour pratiquer la fauconnerie de manière autonome », lit-on dans la fiche de l’Institut national du patrimoine (INP), réalisé dans le cadre de l’inventaire du patrimoine immatériel.

Pour une inscription sur la liste de l’UNESCO

D’ailleurs, dans cet ordre d’idées et dans le cadre des préparatifs du dossier pour inscrire ce savoir-faire sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, une conférence scientifique est prévue, aujourd’hui, à partir de 10h00, au Club des fauconniers, avec comme thème « Les connaissances, compétences et traditions liées à l’art de la fauconnerie à El Haouaria, de l’échelle locale à l’échelle mondiale ». Cette conférence avec l’exposition photographique constituent l’un des éléments du dossier qui sera déposé auprès de l’UNESCO et qui permettra à la Tunisie de rejoindre ces pays qui ont déjà inscrit la fauconnerie en tant que patrimoine humain vivant, depuis 2021, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ces pays sont : les Émirats arabes unis, l’Autriche, la Belgique, la Croatie, la Tchéquie, la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Kazakhstan, la Corée, le Kirghizistan, la Mongolie, le Maroc, les Pays-Bas, Le Pakistan, la Pologne, le Portugal, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Slovaquie, l’Espagne et la Syrie.

 

I.A.

 

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