Même si le mercure ne marque pas des chutes de températures importantes, nous sommes bel et bien au cœur de la saison hivernale. Cette saison froide rime très souvent avec les états grippaux. Maladie qu’on a tendance à traiter à travers l’automédication et de fausses habitudes, à nos risques et périls...
C’est justement à ce propos que lequotidien.com.tn a interrogé le Dr Melek Abdennadher, médecin généraliste de première ligne, qui a eu l’amabilité de nous répondre afin de vulgariser le sujet et de nous expliquer ses tenants et aboutissants.
Notre interlocuteur, a d’ailleurs, insisté sur l’importance de comprendre d’où vient la grippe pour pouvoir la traiter convenablement et la gérer à bon escient.
« Il faut que monsieur lambda comprenne que si la grippe se manifeste par de la fièvre, par le nez qui coule, la gorge qui brûle, un état général de fatigue et des courbatures, le seul responsable demeure un virus ! Et dans ce cas, comme dans toutes les maladies virales d'ailleurs, la première chose à faire lorsqu’on a de la fièvre, est de la faire baisser », explique d’emblée le Dr Abdennadher.
Zoom sur la fièvre
Contrairement aux idées reçues, ajoute notre interlocuteur, lorsque le corps a des frissons, on a l’impression d’avoir froid et on se met à se couvrir et à se mettre au chaud. C’est faux ! On ne doit pas se couvrir, au contraire ! On doit veiller à refroidir le corps en allégeant les couvertures et en mettant des compresses mouillées sur le front. Et soit-dit en passant, je profite de l’occasion pour expliquer ce qu’est la fièvre.
Lorsqu’un virus pénètre dans le corps, il s’agit bien d’un corps étranger. Le système immunitaire ne va pas jouer aux spectateurs face à cet intrus qu’est le virus ! Il va agir pour le combattre ou bien en le tuant ou bien en le contournant.
Le système immunitaire déclenche carrément une guerre contre l’intrus. Et durant cette opération de « guerre », des armes sont utilisées par le système immunitaire et des prostaglandines (des médiateurs de l’inflammation), sont alors secrétées.
Ces « armes » là vont s’adresser au thermostat qui existe dans notre cerveau, et qui en état de non-guerre, régule la température à 37° pour lui donner une information. Comme ces "armes" immunitaires sont en période de « guerre », elles vont avoir une sorte « d’effet secondaire » donnant un ordre au thermostat de hausser sa température à 39-40°. Et ce sont justement ces ordres-là de hausser la température qui nous donnent des frissons.
Frissons qui, au final, ne sont autres que des contractions musculaires. Et lors de ces contractions, un dégagement de chaleur a lieu. Ce dernier se passe en guise de réponse à l’information reçue par le thermostat qui demande de hausser la température du corps.
Dès lors, si on se couvre en réponse aux frissons, on va aider à hausser davantage la température de notre corps ! Certes c’est désagréable de sentir des frissons de froid, mais il ne faut pas se plier pour autant à cet ordre du cerveau en se réchauffant au risque d’aggraver la fièvre ! Il faut, au contraire, refroidir le corps. Et pour ce faire, il existe deux méthodes. La première est chimique, c’est-à-dire prendre du paracétamol. La deuxième est physique et elle repose essentiellement sur les pansements froids et l’allègement des vêtements et couvertures. On peut également opter pour les bains refroidissants et qui doivent être de 2 à 3 degrés inférieures à la température du corps ».
À suivre...
Interview conduite par Abir CHEMLI