Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
On peut les croiser dans n’importe quel coin de la capitale. Il s’agit de ces femmes subsahariennes qui ont fait de la mendicité leur gagne-pain. S’agit-il d’un trafic organisé ? Si c’était le cas, que faire pour y mettre fin ?
« Un vrai business », « réseaux organisés » voire « bandes criminelles », les observateurs sont unanimes quant aux effets négatifs de la mendicité sur l’image du pays. « Jusqu’à un passé récent, on ne croisait que des mendiants tunisiens qui font la manche dans les rues.
Aujourd’hui, les places publiques, les mosquées, les feux rouges, devant les restaurants et les cafés voire devant les banques et les bureaux de poste sont envahis par des ressortissants subsahariens, en majorité des femmes accompagnées de bébés ou d’enfants qui s’adonnent à la mendicité et lorsque vous leur demandez les raisons, ils vous disent : « Le destin nous a conduits vers cette terre et nous n’avons que la mendicité pour vivre ».
Plus désolant encore, certains endroits se sont transformés en des scènes de bagarres entre mendiants tunisiens et subsahariens. Chacun cherche à protéger son territoire de chasse, notamment dans les artères connues par leur grande fréquentation.
Selon, en effet, le président de l’Association internationale de défense des droits de l’Homme et des médias, Ridha Karouida: « On estime à 7000 mendiants qui ‘’exercent’’ dans le Grand-Tunis.
Nous estimons que ce chiffre qui remonte à 2023, année de la publication des résultats d’une enquête réalisée par notre association, a doublé avec l’arrivée dans la capitale de centaines de nouveaux migrants subsahariens. Selon, également, les résultats de notre enquête, un mendiant gagne entre 100 et 150 dinars par jour.
Les bébés et les enfants sont utilisés comme des appâts pour s'attirer la sympathie et l'empathie des passants et les pousser à donner de l'aumône ». Que faire, alors, pour mettre fin à ces pratiques ?
Où est l'État ?
Face à la prolifération de ce fléau, les appels se multiplient pour une lutte vigoureuse contre la mendicité qui nuit à l’image du pays, «Nous avons appelé depuis des années à mettre en place toute une stratégie nationale pour lutter contre la mendicité, car nous considérons qu’il s’agit de réseaux organisés qui s’adonnent à ces pratiques et seuls 15% des mendiants le sont réellement.
Alors nous avons proposé la création un comité regroupant, sous l’égide du ministère de l'Intérieur, diverses institutions : les ministères de la Santé, des Affaires sociales et des composantes de la société civile et dont la mission consiste à prendre en charge ceux qui sont réellement dans le besoin et lutter contre les réseaux organisés de la mendicité », nous dira le président de l’Association internationale de défense des droits de l’homme et des médias.
Et d’ajouter : « Il est, en effet, inacceptable de voir des femmes et des hommes en bonne santé harceler les passants ou utiliser des enfants et des bébés d’une manière inhumaine en les exposant pendant des heures et des heures au soleil et au froid ainsi qu’à la pollution sous prétexte qu’ils sont dans le besoin, il faut que ces pratiques cessent et que la loi soit appliquée contre tous ceux et toutes celles qui s’adonnent au trafic criminel de la mendicité y compris les ressortissants subsahariens ».
En effet, l’article 171 du code pénal stipule :
- Est puni de 6 mois de prison celui qui simule des infirmités ou des plaies dans le but d'obtenir l'aumône.
Par contre, la peine est portée à un an contre :
- celui qui, dans le même but, use de menaces ou pénètre dans une habitation sans l'autorisation du propriétaire ; celui qui, mendiant, est trouvé porteur d'armes ou d'instruments de nature à procurer les moyens de commettre des vols ; celui qui mendie, porteur de faux certificats ou de fausses pièces d'identité.
M.B.S.M.

