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Grève des banquiers : La ruée des Tunisiens vers les distributeurs automatiques...

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

• Le dérapage est-il justifié ?



Les banquiers sont en grève pendant deux jours (hier et aujourd'hui). Comment justement les Tunisiens ont vécu cette grève ?

Le secrétaire général de la fédération générale des banques, des établissements financiers et des compagnies d’assurances relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Ahmed Jaziri, a indiqué hier que la grève des banquiers a été bien suivie lors de sa première journée et devrait l'être aujourd'hui au cours de la deuxième journée de ce mouvement social.

Jaziri a, en outre, rappelé que ce mouvement continuera après la reprise du travail mercredi prochain et ce jusqu’à la reprise du dialogue et la satisfaction des revendications.

Jaziri a précisé, dans une déclaration à l’agence TAP, que les négociations ont été suspendues depuis la dernière réunion, tenue en août 2025, et aucune convocation n’est parvenue à la partie syndicale pour la tenue de réunions. Comment les Tunisiens ont, par ailleurs, vécu cette grève ?

Le premier constat est cette ruée vers les distributeurs automatiques qui ont été pris d'assaut par les Tunisiens depuis vendredi et tout au long du week-end. " Il fallait prendre toutes les précautions dés l'annonce de cette grève. De fait, j'ai retiré ce dont j'ai besoin tout au long de ces quatre jours de fermeture des banques, y compris le week-end", nous dira Ahlem, fonctionnaire de son état.

Idem pour Ammar, gérant d'une société privée, qui nous a confié : "Malheureusement, ce sont les petites entreprises qui vont subir de plein fouet les effets de cette grève vu que nous ne pouvons ni déposer de l'argent pour honorer nos engagements envers nos fournisseurs ni encaisser les chèques via l'application dédiée à cet usage. Alors, deux jours de grève ne peuvent que nuire à notre activité dont la majorité des transactions se font par chèques ou par traites".

De son côté, le Conseil bancaire et financier a qualifié, dans un communiqué, l’appel à la grève dans le secteur bancaire de "non justifié et inacceptable", précisant au passage que    "le secteur bancaire et financier, étant vital pour l’économie nationale, cette grève n’a aucun fondement social ou économique et risque de nuire gravement aux particuliers, entreprises et institutions financières, appelant, ainsi, à la solidarité et à l’engagement ".

Pertes sèches ...

Pour ceux qui ne le savent pas, les banques résidentes ont payé des frais de personnel bruts d’une valeur de 1 695,322 MTND en 2019. En 2024, et suite aux derniers accords établis lors des négociations sociales de 2020, ce chiffre a augmenté de 27%, et ce, selon les estimations de l'expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi. Ce dernier estime, par ailleurs, que le coût d'une journée de grève peut atteindre entre 2 et 5% du chiffre d'affaires global des banques.

Intervenant, de son côté, sur les ondes de radio Express fm, le professeur de droit bancaire, Mohamed Nekhili, a précisé : "Des mesures seront prises pour assurer le transport sécurisé des fonds entre la Banque centrale et les banques commerciales, pour exécuter les opérations de compensation dans les délais impartis, et pour réagir rapidement à tout éventuel incident technique, tout en maintenant un minimum de services du personnel.

Il a également précisé que certaines institutions bancaires (environ deux) ne disposent pas de syndicats de base affiliés à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et ne seront donc pas concernées par la grève.

Le professeur a, en outre, expliqué qu’un service minimum sera assuré dans toutes les institutions au profit des citoyens. Celui-ci inclura notamment : la continuité des opérations de retrait via les guichets automatiques et distributeurs, la possibilité de paiements électroniques, le ravitaillement préalable en liquidités par les succursales de la Banque centrale.

M.B.S.M.

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