Alors que l’Afrique subsaharienne progresse plus vite que n’importe quelle autre région dans le monde, la Tunisie décroche une place au top 5 des écosystèmes numériques les plus performants du continent, et ce, bien que tardant toujours à engager les réformes nécessaires des systèmes d’enseignement et de formation. Des chantiers qui peinent à démarrer alors qu’ils sont indispensables pour s’adapter aux progrès technologiques qui bouleversent le monde à un rythme vertigineux.
A première vue, la Tunisie réussit quand même à ne pas être à la marge de l’évolution de l’entrepreneuriat numérique en Afrique et dans le monde. C’est ce qui ressort du tout nouveau Digital entrepreneurship ecosystem Index, qui classe les écosystèmes d’entrepreneuriat numérique les plus performants dans le monde et en Afrique.
Dans l’édition 2025 de ce classement publié par The Vienna Institute for Global Studies (VIGS), basé à Vienne en Autriche, la Tunisie se distingue parmi les pays disposant des écosystèmes numériques les plus performants dans le continent africain. Notre pays arrive en effet dans la quatrième position dans un top cinq africain dominé haut la main par l’Afrique du Sud, qui devance respectivement la république de Maurice et le Maroc.
Dans son rapport édité le 20 décembre 2025, VIGS met à l’honneur la croissance réalisée par les pays de l’Afrique sub-saharienne qui ont vu leurs écosystèmes numériques progresser avec un rythme très soutenu considéré comme le plus rapide au monde.
Pour mériter sa quatrième place en Afrique, la Tunisie a dû faire des progrès notables au niveau d’un certain nombre d’indicateurs. La mesure des performances de l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique formé essentiellement des start-up digitales, repose sur par moins d’une cinquantaine d’indicateurs.
Il est surtout question d’évaluer la quantité des réglementations du secteur des TIC, des capacités institutionnelles de prévenir et de lutter contre la cybercriminalité, la qualité et le déploiement des infrastructures numériques. Les performances sont aussi évaluées à travers le nombre des sociétés spécialisées dans les technologies financières et le nombre d’applications numériques développées localement, le nombre d’incubateurs et d’accélérateurs de start-up.
Sur ce, la Tunisie est dotée d’un écosystème performant grâce à un niveau assez élevé des compétences dans les technologies numériques. L’e-commerce et l’émergence des technologies financières de plus en plus innovantes (Fintech) et diverses autres applications numériques dans différents secteurs reflètent la très bonne dynamique de l’entrepreneuriat numérique dans le pays.
Cependant, beaucoup d’obstacles semblent ralentir son expansion se manifestant notamment par les difficultés d’accès aux financements et par d’innombrables entraves bureaucratiques. Il en résulte alors une inadéquation flagrante dans la distribution des ressources injectées par le biais des mécanismes de soutien de l’entrepreneuriat qui tendent à favoriser de plus en plus les sociétés communautaires.
En Tunisie, comme partout en Afrique, l’économie numérique incarne une promesse de transformation économique et sociale à grande échelle. Partout dans le contient, l’expansion rapide des écosystèmes numériques suscite un engouement grandissant des investisseurs étrangers et ce malgré les infrastructures insuffisantes et les disparités géographiques. En 2024, les IDE déclarés en Afrique ont bondi de plus de 75% en un an, et ce, malgré un contexte mondial incertain.
Frôlant les 100 milliards de dollars, ces investissements sont distribués de manière très déséquilibrée entre les régions. Les pays qui accusent des retards en matière d’investissement dans de nouveaux projets de service numérique sont ceux qui présentent des lacunes en matière d’attraction des capitaux dans le commerce électronique et l’inclusion financière.
Le bon positionnement de la Tunisie dans les classements africains ne doit pas masquer l’urgence d’une action résolue pour libérer pleinement le potentiel de l’entrepreneuriat numérique.
Lever les obstacles réglementaires, alléger les lourdeurs administratives, garantir un accès équitable et transparent au financement et réorienter les mécanismes de soutien vers les start-up innovantes constituent désormais des priorités stratégiques. Parce que l’économie numérique, pour la Tunisie, est un levier incontournable de résilience, de prospérité et progrès.
H.G.

