Tout ne marche pas comme sur des roulettes dans la politique étrangère de la Tunisie. Parce qu’une politique étrangère puissante et efficace se manifeste à travers l’action des représentations diplomatiques, en l’occurrence les ambassades et les consulats, aboutissant à des accords de coopération, des partenariats et des projets d’investissement, c’est-à-dire plus de croissance et de progrès.
Or, il s’est avéré qu’il y avait tellement de postes vacants dans le réseau diplomatique et consulaire tunisien à l’étranger que l’on peut estimer que notre pays s’expose à une grave paralysie diplomatique qui ne fait qu’accroître son isolement et entraîner un très mauvais sentiment de solitude
Samedi dernier, à l’occasion de la plénière consacrée à la discussion du budget de la présidence de la république, le député Yassine Mami, membre du bloc national indépendant, a interpellé les émissaires de Carthage à propos de la vacance de plusieurs postes dans les ambassades et les consulats de la Tunisie dans le monde.
Sur environ 92 représentations diplomatiques, l’on dénombre près d’une quarantaine de postes vides. Selon une enquête publiée récemment par le journal électronique d’investigation Al Qatiba, les vacances concernent 28 ambassades et 12 consulats répartis dans les quatre continents avec notamment des postes non comblés dans des capitales d’une importance cruciale pour notre pays, telles qu’Alger, Rome ou encore Washington.
Il faut noter que le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a reconnu depuis un an, lors d’une plénière organisée à l’ARP, que le déploiement diplomatique et consulaire de la Tunisie est «en deçà des besoins» et qu’il ne permettait pas d’atteindre les objectifs visés
Dans un monde où les nouvelles alliances politiques et économiques se créent dans un climat international incitant à la remise en question de l’ordre existant et poussant vers un redéploiement des intérêts et l’émergence de nouvelles puissances, la diplomatie joue un rôle décisif. Elle permet de s’adapter à la redistribution des rapports de force, d’anticiper les chocs géostratégiques et de saisir les opportunités qui se présentent.
Laisser perdurer les vacances dans ses ambassades à l’étranger, c’est déconstruire les ponts avec l’extérieur et se mettre à la marge de cette dynamique qui transforme le monde.
Un monde qui change à une vitesse inédite accélérant la fin des dominations qui ont duré des siècles. L’enfermement sur soi que dénote cette étonnante tendance à ne pas combler les postes d’ambassadeurs dans beaucoup de pays est synonyme d’une politique étrangère défaillante. Pourtant, l’heure est à l’ouverture pour une Tunisie appelée à saisir toutes les opportunités pour cultiver davantage ses échanges avec le monde dans une logique d’impartialité.
Dans ce contexte, il lui devient donc impératif de renforcer son réseau diplomatique en procédant à un déploiement plus étendu et stratégiquement ciblé et réfléchi.
Une présence plus confirmée dans les régions prometteuses et porteuses, qu’il s’agisse de l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique latine, permettrait de saisir davantage d’opportunités de coopération, d’investissement et de partenariat.
La politique étrangère doit être centrée sur des objectifs économiques clairs qui consistent à attirer les investissements, soutenir les exportations et faciliter les transitions technologiques et énergétiques.
H.G.

