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Editorial : Un bouclier pour justifier l’injustifiable - Par Jalel HAMROUNI

Depuis ces dernières heures, les Occidentaux pleurent la mort des deux employés de l’ambassade de l’entité sioniste à Washington et mettent en garde contre la montée significative de l’antisémitisme.
Dans le débat international sur le conflit israélo-palestinien, une dérive inquiétante se consolide: l’assimilation systématique de toute critique de l’entité sioniste à de l’antisémitisme. Cette tendance, qui se répand dans les cercles politiques, médiatiques et même académiques, représente une menace grave à la liberté d’expression, mais aussi à la cause même qu’elle prétend défendre — la lutte contre la haine réelle à l’égard des juifs.
Il est impératif de rappeler une distinction essentielle: le judaïsme est une religion, les juifs une communauté diverse, et l’entité sioniste un État. Critiquer la politique de ce dernier, notamment ses violations du droit international, l’occupation de territoires, les bombardements à Gaza ou l’apartheid dénoncé par des ONG internationales, n’a rien à voir avec une haine des juifs. Pourtant, nombre de voix — intellectuels, militants des droits humains, journalistes — se retrouvent rapidement étiquetées comme antisémites dès lors qu’elles osent dénoncer les exactions israéliennes.
Cette confusion volontairement entretenue sert un objectif politique précis: disqualifier toute opposition à la politique sioniste en l’associant à une idéologie haïssable. Il s’agit d’une instrumentalisation cynique d’une lutte noble, celle contre l’antisémitisme, pour faire taire les défenseurs des droits des Palestiniens.
Pire encore, ce phénomène s’inscrit dans une hypocrisie occidentale flagrante. Alors que les gouvernements européens et nord-américains s’empressent de condamner l’attaque de Washington, ils restent étonnamment silencieux, ou à peine préoccupés, face aux souffrances des Palestiniens. L’indignation à géométrie variable est devenue la norme : un mort sioniste suscite une vague de compassion internationale, tandis que des milliers de civils palestiniens tués sont relégués à de simples «dommages collatéraux».
Ce deux poids deux mesures alimente un ressentiment profond dans les opinions publiques du Sud global, mais aussi chez de nombreux citoyens occidentaux soucieux de justice. Il mine la crédibilité morale des puissances qui prétendent défendre les droits humains tout en fermant les yeux sur des crimes flagrants commis avec des armes qu’ils fournissent eux-mêmes.
La lutte contre l’antisémitisme doit rester un combat universel et sincère, mais elle perd en force et en légitimité lorsqu’elle devient un outil politique au service d’un État qui se veut au-dessus de la loi. L’antisémitisme est devenu un bouclier pour justifier l’injustifiable-
Il est temps que le débat retrouve de la nuance et du courage. Défendre les droits des Palestiniens n’est pas un acte de haine, c’est un engagement pour la justice. Et dénoncer les dérives de l’entité sioniste ne fait pas de quiconque un antisémite, mais un citoyen conscient, refusant que la morale soit l’otage de la géopolitique.

J.H.

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