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Editorial : Avant les plans, les bilans … - Par Hassan GHEDIRI

La planification des politiques de développement en Tunisie ne se fera plus comme avant. Fini le temps où les programmes de développement économique et social sont concoctés dans les bureaux des ministères par des planificateurs totalement déconnectés de la réalité des régions. Pendant des décennies, l’on avait l’impression que l’Etat confectionnait ses plans de développement, en catimini, que l’on dévoilait comme le fait un illusionniste faisant jaillir un pigeon de son chapeau magique. Des plans desquels les régions bénéficient selon leur proximité du centre et des côtes et qui, au fil des ans, n’ont fait qu’accentuer les disparités régionales engendrant de graves fractures Nord/Sud et Est-Ouest.
Un changement de cap est évident d’autant plus que, déjà, depuis bientôt quatre ans l’Etat ne raisonne plus comme avant. Lorsqu’il a décidé d’opérer le revirement du 25 juillet 2021, Kaïs Saïed avait au moins une motivation assez pressante qui légitime son œuvre : réparer les inégalités et rendre justice à des populations et des régions marginalisées et fortement défavorisées. Rompre avec les causes ayant engendré ces disparités est une condition sine qua non pour mettre sur pied une vraie politique de développement durable solidement ancrée dans chaque région qui se décline en des projets de proximité visant le bien-être des populations locales et leur prospérité économique et sociale. Cette rupture avec le modèle de planification hérité depuis l’indépendance devenu archaïque et inadapté aux attentes des Tunisiens, Saïed cherche d’emblée à la concrétiser à travers son projet politique qui repose sur la logique de gouvernance ascendante. Une nouvelle approche qui se veut une réponse aux revendications populaires exprimées durant le soulèvement du 17 décembre 2010/14 janvier 2011. C’est, donc, une rupture qui vise à remplir un objectif primordial, celui de faire émerger les politiques de développement à partir de la base, c’est-à-dire depuis les régions formant la première entité de l’organisation territoriale de notre pays. 
Déjà, c’est à un niveau «très local» que sont en passe d’être définies les politiques publiques en matière de développement économique. Entamés mi-avril dernier, les préparatifs du nouveau plan de développement quinquennal 2026/2030 vont bon train avec l’implication des conseils locaux qui passeront ensuite la relève aux conseils régionaux avant de parachever le processus au niveau du Conseil national des régions et des districts. Le plan 2026/2030 se veut ainsi une illustration concrète du projet porté par le président de la république consistant à placer les citoyens, les territoires et les structures de gouvernance locale au cœur du processus décisionnel en matière de planification et de mise en œuvre des politiques publiques de développement.
Pour rompre avec les échecs du passé et faire de ce nouveau plan quinquennal une réussite, il faut savoir partir de bon pied. Mais avant le plan, il faut faire le bilan, qui est un pas essentiel. Or, le gouvernement a donné le coup d’envoi d’un nouveau plan quinquennal sans dire un mot sur quoi aurait finalement débouché le plan triennal 2023/2025 qui est aussi supposé respecter la même logique de gouvernance promue par le président de la république.  Annoncé en grandes pompes, fin décembre 2022, lors d’un Conseil ministériel présidé par l’ancienne cheffe du gouvernement, Nejla Bouden, le plan de développement 2023/2025 avait défini «les priorités, les politiques et les programmes de développement sur les plans sectoriel et régional, dans le cadre des grandes orientations inscrites dans la vision stratégique de la Tunisie pour l’année 2035 et le programme national de réformes structurelles pour le période à venir», lit-on dans une note publiée à la même occasion par La Kasbah. Quel était le bilan de ce plan triennal ? Personne ne sait. Avait-on atteint les objectifs escomptés? Hélas, nul ne peut le dire.

H.G.

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