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Deuxième audience du procès contre Israël pour génocide à la Cour Internationale de Justice: Mandela contre Balfour

De l’envoyé spécial à La Haye Soufiane Ben Farhat

Franchement, je ne vais point vous décrire les arguments présentés hier par les représentants d'Israël poursuivi pour génocide à la Cour Internationale de Justice (CIJ) à La Haye. Vous les connaissez déjà. A les entendre, ils ne sont pas seulement les victimes mais
plutôt La Victime. Unique, exclusive, irréfragable, comme toujours quoi!

A en croire qu’ils ont déplacé hier le Mur des Lamentations d’Al Qods au siège de la CIJ à La Haye. Poursuivis pour génocide, les Israéliens ont vainement tenté de changer le fusil d’épaule. Du coup, ils ont chargé les Palestiniens, "coupables" selon eux de génocide, à l’endroit d’Israël mué en gentil petit chaperon rouge. L'Afrique du Sud qui a pris l’initiative de déférer Israël pour génocide à la CIJ n’est pas épargnée. Elle serait "coupable" d’avoir génocidé la gentille grand-mère de la gentille petit chaperon rouge. Comme toujours quoi! Chassez les vieilles rengaines, elles reviennent au galop.


Ridicule pathologique
Six défendeurs d’Israël ont défilé à la barre. Les massacres perpétrés à Gaza systématiquement depuis 97 jours ? A les en croire, ils sont en stricte “conformité avec le droit international humanitaire” ! Les dizaines de milliers de victimes palestiniennes ? "Elles
sont les victimes des Palestiniens eux-mêmes", assènent les porte-parole israéliens. Les actes criminels des soldats israéliens à Gaza ? Ils n’ont rien à voir avec les directives politiques du gouvernement israélien, à les en croire. Bon ben voyons, ce seraient des
mutins alors! Et pourquoi pas prétendre que l’armée d’occupation israélienne est à la solde des Palestiniens tant que nous y sommes.
Bon, je vous épargne les détails.
Visiblement à court d’arguments sérieux et tangibles, les Israéliens piquent, tête en avant, dans le ridicule pathologique. A l’image de ce défendeur qui dit une fois qu’il lui manque une page manuscrite de sa plaidoirie. Avant de reconnaître qu’il se perd dans ses papiers. Il cherche, il fouille, des membres de la délégation viennent à son secours. Il s’en prend à “quelqu’un qui a pris le texte du manuscrit de sa plaidoirie pour un jeu de cartes”.
Dehors, les alentours de la Cour au centre de La Haye ont été submergés dès le point du jour qui se lève tard ici. Partout, des banderoles palestiniennes, la koufiyya légendaire, les chants et slogans patriotiques sur fond de condamnation d’Israël et d’appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
En somme, Israël a déjà perdu deux procès majeurs. Celui du grand tribunal de l’Histoire d’abord. Le verdict est lancinant, sans appel. Celui de l’opinion publique mondiale aussi. C’est nouveau mais irréversible là aussi. Les faits parlent d’eux mêmes depuis trois mois.
Israël tente cependant de gagner le procès que l’Afrique du Sud lui a intenté à La Haye pour génocide.


Issues immédiates et à long terme
Bien que le plaidoyer de l’Afrique du Sud l’emporte haut la main contre la prestation d’Israël à la Cour internationale de Justice, des interrogations demeurent. La CIJ aboutira-t-elle à la condamnation d’Israël pour génocide à Gaza ? Auquel cas, mesures conservatoires et jugement en référé obligent, un cessez-le-feu immédiat sera diligenté en Palestine occupée. Autrement, Israël profitera encore et toujours de la couverture politique et juridique occidentale pour ses agissements bellicistes et meurtriers à grande échelle. Le véritable enjeu est là. Il n’y a pas d’autre issue. Élue le 8 février 2021 présidente de la CIJ, Mme Joan E. Don Hogue est une américaine qui a longuement officié au Département d’Etat américain. En plus de son traitement de base, elle bénéficie d’une  indemnité spéciale supplémentaire de 25 mille dollars par an octroyée par les États-Unis d’Amérique. Dans les coulisses, Américains et Israéliens s’affairent pour ne pas faire condamner Israël, encore moins pour génocide. Ce qui signifie que les massacres massifs, l’épuration ethnique et le génocide se poursuivront en toute impunité à Gaza et en Palestine. Les États-Unis d’Amérique ont toujours été la béquille dorée d’Israël. Suivez mon regard.
Par ailleurs, dans ses propres statuts, la CIJ stipule dans l’article 38 que sa mission est “de régler conformément au droit international les différends qui lui sont soumis” le droit applicable pour cela est : “les conventions internationales…la coutume internationale…les
principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées”. Nations civilisées dites-vous? Passons outre la logomachie. Cela signifie l’Occident, l’Otan, le lobby pro-israélien, le FMI, la Banque mondiale et tutti quanti.
C’est dire que ce qui se profile aujourd’hui à distance à La Haye c’est la lutte titanesque de Nelson Mandela contre Lord Balfour. De Arafat contre Ben Gourion. Du droit imprescriptible contre l’iniquité et l’injustice sempiternelles.                                             L’humanité a ses icônes, Mandela étant presque sanctifié. Mais les États ont eux aussi leurs totems et tabous. Et leurs tours de passe-passe.... 

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