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Tourisme intérieur : La nouvelle loi sur les chèques privera-t-elle les tunisiens de leurs vacances?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Ils sont 2.5 millions de Tunisiens qui passent leurs vacances dans les hôtels. La majorité paye leur séjour par des chèques antidatés et échelonnés. Maintenant que ce mode de paiement n’est plus légal, comment le Tunisien moyen va financer ses vacances?

 Lors d’une séance de travail stratégique visant à renforcer le tourisme intérieur organisée par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat au mois de décembre 2024, le ministre, Sofian Tekaya, avait indiqué que «le tourisme intérieur représente plus de 25 % de l’activité touristique en Tunisie». L’objectif du ministère est que ce taux dépasse les 50 % dans les dix prochaines années. Selon certains observateurs, cet objectif est difficile à atteindre à cause de la nouvelle loi des chèques, «une grande partie des touristes dits intérieurs paient leurs vacances à crédit et en utilisant des chèques antidatés et échelonnés. De fait, avec la nouvelle loi des chèques, il est difficile pour le Tunisien moyen de financer autrement ses vacances», nous dira l’universitaire Salem Chérif. Le tourisme n’est pas, par ailleurs, le seul secteur touché  par cette loi des chèques. En témoigne cette baisse vertigineuse des commandes enregistrée dans le dernier salon ses meubles. Selon l’expert en économie et en finance, Mohamed Salah Jennadi: «Le taux de cette baisse est estimé à 40% et le chiffre d’affaires du salon a chuté de 40%. Cette chute a des effets graves sur les emplois dans le secteur des meubles et de l’ameublement qui emploie 150 mille ingénieurs, techniciens, menuisiers et ouvriers en plus des commerciaux. Alors, il faut revoir cette loi qui risque de mettre à plat plusieurs secteurs».

Un système à revoir…
Depuis la promulgation de cette nouvelle loi sur les chèques, le cash a explosé en Tunisie. Seulement, il faut avoir de l’argent liquide pour continuer à vivre normalement, «30% des achats se font à crédit en Tunisie et le chèque était le mode de paiement le plus sûr. De fait, avec cette nouvelle loi, le volume des grandes transactions va baisser automatiquement de 30% et avec un coup de frein pour les entreprises et derrière toute l’économie nationale», nous dira l’expert en économie et en finance Mohamed Salah Jennadi. Que faire, alors, pour sortir de cette impasse?

En janvier dernier, l’expert Ahmed Karam s’était prononcé sur la question dans une interview accordée au site Webmanager. Selon lui: «L’un des principaux volets de cette réforme est l’interdiction des chèques antidatés, une pratique pourtant répandue auprès des particuliers et des PME pour la gestion de leur trésorerie. Cette mesure pourrait entraîner des difficultés à court terme, mais Karam souligne que des solutions alternatives doivent être développées pour pallier cet impact». Et d’ajouter: «Parmi ces alternatives, les cartes de paiement, bien qu’en progression, sont encore sous-utilisées, représentant seulement 40% des transactions économiques en Tunisie. Le retrait d’espèces demeure la norme, en raison notamment de la traçabilité qu’implique l’utilisation des cartes, ce qui freine leur adoption par certains commerçants. Karam préconise des incitations fiscales pour encourager l’usage des cartes et des réformes dans le système des commissions bancaires afin de rendre les paiements électroniques plus attractifs. Concernant les PME, Karam recommande de renforcer les crédits d’exploitation pour compenser l’interdiction des chèques antidatés. Les banques travaillent sur des solutions adaptées, mais un cadre de notation plus efficace est nécessaire pour mieux évaluer les risques financiers. La modernisation du cadre légal des effets de commerce est également préconisée afin d’améliorer la protection des créanciers et simplifier les procédures administratives».

M.B.S.M.

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