Par Imen Abderrahmani
Dans leurs textes écrits sous l’ombre des oliviers, résonnent les mélodies d’amour, de résistance, de colère… Première anthologie de la poésie féminine palestinienne, « Palestine en éclats » sera présentée cet après-midi à l’IFT, à 18h30.
Elle a été sur le calendrier de l’exposition « Trésors sauvés de Gaza : 5000 d’histoire » que présente l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris depuis le 3 avril et qui se poursuivra jusqu’au 02 novembre 2025. La première anthologie de la poésie féminine palestinienne fera cet après-midi vibrer l’Institut français de Tunisie (IFT), brisant le blocus culturel sur Gaza et sur la Palestine, mettant en avant des voix poétiques de différentes générations.
Née d’une volonté commune de donner la voix à ces auteures qui restent presque méconnues par les lecteurs et même par les éditeurs, cette anthologie est un panorama de voix, de voies, de styles, de thèmes.
Conçue par la poétesse palestinienne Nida Younis et traduite par Mohamed Kacimi, cette anthologie « réunit pour la première fois les voix des poétesses palestiniennes contemporaines. Ces auteures viennent de différentes régions de la Palestine historique – Territoires de 48, Gaza, Cisjordanie – ainsi que de la diaspora causée par le tragique exode palestinien de 1948, la Nakba. Elles représentent un courant littéraire novateur et audacieux. Traduites en français, leurs œuvres offrent une diversité et une richesse culturelle remarquables à un large public international », lit-on sur les notes de présentation de cette anthologie qui constitue un acte de résistance contre l’oubli, contre la marginalisation, contre la mort qui guette les Palestiniens, contre le désespoir… L’anthologie est aussi un hommage à ces femmes-poétesses, symbole de grâce et de courage, une ode à leur force, à leur intelligence, à leur éloquence.
Un cri d’indignation, un chant d’amour
« À travers leurs poèmes, ces femmes s’élèvent contre les interdits et tabous d’une société patriarcale et conservatrice. Elles utilisent la poésie comme un espace de liberté et de défi. Leur écriture, intimement liée au corps féminin, apporte un regard unique et différent de celui des hommes. Elles explorent des thèmes comme l’oppression personnelle et politique, notamment la violence de l’occupation israélienne qui les prive de leur terre, de leur mémoire et du contrôle sur leur propre corps », peut-on encore lire dans l’introduction de cet ouvrage référentiel et essentiel réunissant des poèmes d’une vingtaine de poétesses de différentes générations. Des poèmes qui racontent le quotidien palestinien et qui sont les échos des récits intimes sur la mort et l’amour, l’espoir et le désespoir, la maternité, la terre, l’exil, la solitude… Des jeunes voix poétiques telles que Hind Jouda, Mona Al-Masdar, Enass Sultan résonnent ainsi avec d’autres voix majeures comme Fatena Al-Ghorra, Maya Abu Al-Hayyat, Sheikha Helawy, Nida Younis ou Jadal Al Qassem racontant et chantant la Palestine. Chacune selon sa vision, son vécu, qu’elle soit à l’intérieur de la Palestine chérie ou à l’extérieur, condamnée à l’exil et à la solitude. Les textes qui meublent cet ouvrage viennent de Ramallah, de Gaza, de Haïfa, de Beyrouth, de la Norvège, des Etats-Unis d’Amérique… affirmant l’attachement de ces poétesses à leur terre, à leur identité, aux racines, témoignant de leur courage.
La présentation de cette anthologie sera marquée par une lecture de poèmes en arabe par Sabrine Ghannoudi et en français par Ons Ben Youssef, accompagnés au oud par Mariem Azizi. Suite à cette lecture qui donnera à ces poétesses palestiniennes une nouvelle voix et leur ouvrira une nouvelle voie dans les universités tunisiennes (sujet d’étude et d’analyse), le public est invité à une rencontre avec Mohamed Kacimi, écrivain, dramaturge et traducteur de l’anthologie, engagé depuis de nombreuses années en Cisjordanie et à Gaza aux côtés des artistes, écrivains et acteurs culturels palestiniens. Mohamed Kacimi qui été en Tunisie en décembre dernier animant une série de rencontres et un atelier portant sur le thème « Comment écrire la guerre ? », lors des Journées théâtrales de Carthage.
Il est à noter que l’illustration de cette anthologie est signée par la peintre française de renom Colette Deblé et qu’une deuxième rencontre autour de cet ouvrage est annoncée demain, le vendredi 13 juin, à 18h00, à l’Institut français de Sousse, en présence également de Mohamed Kacimi.
I.A.