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Le saviez-vous ? Deux femmes ont été derrière la réalisation du célèbre « Coran de la Nourrice »

Il est l’un des magnifiques trésors des arts islamiques. Comme le « Coran bleu », « Le Coran de la Nourrice » jouit d’une renommée internationale et ce pour de nombreuses raisons. Primo, il est différent de tous les manuscrits de Coran qui ont été trouvés à l’époque, lors de l’inventaire des manuscrits de la Grande Mosquée de Kairouan, daté de 1292-1293 (693 de l’Hégire). Secundo, parce qu’il a été réalisé par deux femmes : Fatima et Dorra.

Mais qui sont-elles ? Et comment ont-elles contribué à la réalisation de ce manuscrit rare ? Et en quoi ce manuscrit est-il différent ?

Le manuscrit du Coran dit « de la Nourrice » est l’un des plus célèbres de la collection de Kairouan. Certains sources notent que près de 2000 feuillets ont été préservés.  Quelques feuillets de ce manuscrit sont actuellement exposés au Musée national du Bardo, dans la salle de Kairouan, côte à côte avec le célèbre Coran Bleu, au grand bonheur des visiteurs. D’autres parties de ce célèbre manuscrit sont conservées au Musée des arts islamiques de Raqqada (Kairouan).

Fatima et Dorra, qui sont-elles ?

Contrairement à de nombreux manuscrits trouvés lors de cet inventaire, l’origine de ce manuscrit est bien connue et ce grâce à un texte qui précise la date d’achèvement en ramadan 410/janvier 1020- ou légèrement plus tôt.

La note informative qui accompagne le manuscrit précise qu’il a été copié par Ali Ibn Ahmed Al-Warraq al Qayrawani à la demande de Fatima, la nourrice du prince ziride Badis. La supervision du travail du calligraphe a été assurée par « Dorra Al-Katiba », femme cultivée appartenant à « Diwan al incha » (Bureau des documents et des archives).

« Au nom d’Allah le Compatissant, le Miséricordieux, ce Coran a été écrit, conçu, doré et relié par Ali Ibn Ahmad Al-Warraq au profit de la vénérable nourrice, qu’Allah la protège, sous les auspices de Dorra Al-Katiba, qu’Allah la préserve. Puisse Allah accorder sa compassion à ceux qui le lisent et prient pour leur rédemption, leur pardon et leur protection contre les tourments de la Géhenne ardente. Amen. Au nom du Seigneur du monde entier. Que les bénédictions et la paix d’Allah soient sur le prophète Moḥammad et ses proches », a été écrit sur la 2ème page de ce manuscrit précisant et attestant son origine.

 

 

Une fois la copie achevée et validée, elle a été déposée à la mosquée de Kairouan en 1020 (410 de l’Hégire). Une inscription a été gravée sur le coffre où ont été interposés les feuillets de ce manuscrit du Coran.

« Au nom d'Allah, le Compatissant, le Miséricordieux, Fatima al-Ḥaḍina, nourrice de Abu Manad Badis a déclaré: « Je donne et cède ce Coran en mainmorte (bien incessible, waqf) à la mosquée de la ville de Kairouan, espérant d'Allah récompense et satisfaction, par l'intermédiaire du Qaḍi (juge) Abderrahman ibn al-Qaḍi Moḥammad ibn Abdallah ibn Hisham, qu'Allah illumine son visage ; qu'Allah accorde sa compassion à ceux qui le lisent et prient pour leur rédemption et leur pardon. Amen, au nom du Seigneur du monde entier, que les bénédictions et la paix d’Allah soient sur le Prophète Moḥammad et sa famille bienveillante et vertueuse».

Une copie qui ne manque pas d’originalité

Les signes diacritiques dans ce Coran sur parchemin, oblong vertical, mesurant 45cm x 31 cm, et comportant cinq lignes par page, sont placés selon la méthode attribuée à Al- H̱alil ibn Aḥmad Al-Farahidi. Les trois marques utilisées pour indiquer la fonction grammaticale sont en rouge, tandis que les marques pour le sukun et la gémination sont en bleu et la hamza et la madda en vert. Les titres des sourates et le nombre de leurs versets sont minutieusement ornés et dorés.

 

 

Un registre daté de 693 de l’Hégire, découvert dans la bibliothèque de la Grande Mosquée, décrit ce coran dans les termes suivants : « et un Coran en 60 fascicules de grand format, en écriture coufique rayhani, cinq lignes par page, sur parchemin ; le début de chaque fascicule est doré ainsi que les titres des sourates et les indications de aḥzab et aashar [respectivement soixantièmes et dixièmes portions] ; les pages de fin de certains fascicules sont également dorées ; les signes diacritiques sont en rouge, vert et azur ; certains sont reliés de cuir sur bois et d'autres de soie sur bois ; tous sont dépouillés de leurs ornements ; c'est ainsi que la collection est décrite dans ledit registre ; et c'est ainsi que je l’ai trouvée, mais maintenant certaines de ses reliures se sont défaites ».

Ainsi, malgré les efforts entrepris par Fatima la Nourrice qui a recommandé un coffre pour protéger le manuscrit, certains fascicules ont été perdus même dérobés. De temps à autre, dans une vente aux enchères, certaines parties de cette copie rare et précieuse font leur apparition.  

Imen.A. 

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